Voyage au bout de l'envers
"Yasujiro's journey" est le second d'une trilogie (avec "Aries, a poem for Katia, 2004 et Fugu, a Sushi Tale en 2009) de films expérimentaux par le chef-opérateur Faozan Rizal (Get married 1 & 2; The legend of Sundel Bolong…), tournés en 16 mm et pensés comme un haiku japonais. Des véritables cas à part dans l'industrie cinématographique indonésien, absolument nécessaires pour inspirer d'autres réalisateurs et faire évoluer une cinématographie, mais qui posent une nouvelle fois la question de l'objet filmique en lui-même (est-ce un "film", une œuvre d'Art ou une démarche purement égoïste ?).
C'est que le film ne plaira pas à tous les publics avec ces trèèèèès longs plans posés avec le personnage principal entrant, puis sortant, ces couleurs et sons saturés et une histoire, qui n'en est pas vraiment une et qui mènera…nulle part.
Mais au-delà des simples apparences, ce film pose évidemment maintes questions, s'interrogeant sur le problème d'identité d'une personne et d'un pays – voire même de la démarche intellectuelle en soi, le personnage de l'aviateur JAPONAIS (et - comme par hasard – du nom de "Yasujiro" rappelant OZU) renvoyant directement à l'occupant, mais aussi de celui qui a fait une très forte influence dans l'évolution cinématographique du pays au cours de la Seconde Guerre Mondiale (sans parler du fait, que les japonais investissent aujourd'hui massivement dans ce pays en plein développement).
Un drôle d'objet filmique, envoûtant lorsque l'on veut bien s'y laisser entraîner et perdre et dont les magnifiques images hantent les spectateurs longtemps après la projection.
