| Elise | 4.5  |
Excellent comédie fidèle à son contexte par une ambiance adéquate |
Tout débute par un homme posant des tampons d'approbation sur des projets de pièces de théâtre, pendant qu'une personne traverse une rue remplie de la bonne humeur montrant la prospérité du Japon en cette fin d'années 30. Cette personne s'apprête à soutenir son projet de pièce de théâtre devant le censeur qui a retenu son projet mais qui a tout de même relevé des passages ne pouvant pas passer devant le public, de l'ordre de la morale ou de la politique. Ce film montre ainsi plusieurs facette de la société japonaise d'avant la guerre mondiale ; au travers de deux personnages totalement opposés, il étale le contexte politique du Japon et la difficulté d'expression intellectuelle.
Le point fort du film est qu'il se situe quasi-intégralement dans la même pièce entre les deux mêmes personnages sans observer le moindre ennui. La réalisation est particulièrement inspirée ; les plans ne contenant que du dialogue ne stagnent pas stupidement sur deux plans de personnages mais prennent des angles surlignant certains sentiments, comme le contre-plongé rapproché sur l'artiste dans ses moment d'euphorie ; autrement les plans où les personnages mettent en scène certains passages sont tournés sous forme de petits plans séquences assez rythmés où la caméra ne reste pas fixe mais se balade et tournoie entre les acteurs pour mieux suivre l'action. Concernant les personnages, les deux psychologies ressortent très bien et évoluent constamment au fil de l'histoire ; le censeur, très fermé, finit par se laisser convaincre par la motivation de l'artiste qui, lui, arrive à mieux exprimer son talent par les conseils du censeur alors qu'il est accusé par ses collègues d'abandonner ses idées à la censure par lâcheté intellectuelle.
D'un point de vu politique, le censeur exprime souvent les raisons de ses corrections, amenant ainsi l'idée d'un Japon prêt à se lancer dans une guerre par alliance. Ceci est renforcé par les quelques scènes sortant de la petite pièce sombre. En effet, à chaque changement de jour, on voit l'artiste refaire tout le chemin depuis son théâtre jusqu'à la préfecture pour apporter ses modifications. Ainsi on peut voir l'ambiance dans la rue évoluer graduellement d'une aise populaire à un climat de guerre. Mais même en pensant à tout ce contexte, les débats intellectuels entre les deux protagonistes restent très amusant et les gags s'enchaînent régulièrement.
Finalement un presque-huis-clos comique sur fond de pré-guerre, porté par une musique entraînante et deux acteurs qui font passer ces deux heures sans s'ennuyer un instant.
