Fare Factor
VIRAL FACTOR perpétue le chemin pris par le précédent FIRE OF CONSCIENCE de Dante Lam: faire du bon, gros actioner à l'hollywoodienne, rempli de bruit et de fureur au détriment de toute finesse et logique. Il y va au bulldozer pour déployer les quelques pauvres idées jetées en vrac et même les quelques moments de (faux) calme sont étalées à la louche, comme du Nutella sur du gros pain de campagne coupée à l'Opinel. BREF, Dante Lam n'a pas menti sur sa marchandise en prenant les biffetons de ses investisseurs; mais plutôt que de faire un investissement sûr, il préfère faire partir les billets en fumée direct.
Reste donc une énorme machine à enchaîner les scènes d'action avec des explosions, des gunfights dans tous les sens et quelques tirs à la roquette, le tout emballé avec suffisamment de savoir-faire pour ne pas décrocher dès le prologue tonitruant. Lam sait filmer les échanges de feu, faire monter le suspense et faire trembler pour ses personnages, alors même que l'on sait pertinemment, qu'ils vont s'en sortir…SAUF QUE…sauf qu'à la longue, cette répétition de scènes lassent. C'est un peu le syndrome du Grand Huit ou du Space Mountain, qui procure d'agréables frissons à la première, peut encore titiller nos sens à la seconde, mais dont on a rapidement fait le tour…ou ces comédies n'importe nawesques à la Frère Wayans ou du trio ZAZ (pour les plus anciens entre nous), dont les gags fusent toutes les 30 secondes pour le plus grand bonheur de tous…avant que les muscles de notre mâchoire n'en peuvent plus, que la surenchère de gags finit par lasser et que l'on aimerait AUTRE CHOSE; de la MATIERE pour se changer les idées, reposer son esprit avant de mieux redémarrer au quart du tour.
Voilà, ce qui fait cruellement défaut dans le(s) film(s) de Dante Lam: il réserve évidemment des plages plus calmes, mais là encore, il ne va pas avec le dos de la cuillère avec du bon gros sentimentalisme outrancier, autant dans le kitsch et les larmes, que dans le cabotinage outrancier des méchants, qui sont vraiment très méchants, hein"…(mention spéciale à Carl Ng).
Mais le vrai, gros défaut, c'est…le scénario. Pas besoin du meilleur scripte de la terre pour un vrai actioner; celui de "Time & Tide" ne brille ni par son originalité, ni par sa logique…mais un minimum syndical. Dans "Viral Factor", on nous ressort la grosse ficelle du frère (jumeau) caché comme dans "Le syndicat du crime 2" à un moment totalement inopportun; en gros: "mon fils, il ne te reste plus que 2 semaines à vivre, alors vas-y, va chercher ton frère caché en MALAISIE, tu sais, celui dont je ne t'avais encore jamais parlé". Magnifique, surtotu quand le frère est un bad guy, lié au super méchant et passablement l'ex de la blondasse de service dont notre héros va tomber amoureux et j'en passe et j'en oublie…Le mieux ? A chaque fois, que notre héros ne sait plus où chercher, son frère apparaît comme par enchantement, de préférence pour faire péter tout le décor, ce qui ferait presque oublier le gros artifice de son arrivée surprise. Si Lama avait tourné à Singapour ou à Hong Kong, on aurait encore pu parler d'heureuse coïncidence, mais dans un "petit" pays comme la Malaisie, ça tient du miracle. Un scénario coécrit à six mains, quand même…
Bref, un curieux actioner de luxe noyé dans un scénario de série Z, qui donne un objet hybride malheureusement beaucoup moins attractif, que prévu.
Passée une première demi heure plutôt poussive malgré un prologue explosif, le film prend son envol lorsque Jay Chou débarque en Malaisie après avoir fait la connaissance du personnage interprété par Lin Peng. A partir de là, le film enchaîne les péripéties (sans aucun soucis de réalisme) et les morceaux de bravoure quasiment sans le moindre temps mort. Le tout est emballé avec efficacité pour donner au final une bonne grosse série B tout à fait recommandable.