Pas bien nouveau, mais un épisode charmant
Ce grand
Tora-San, outre sa revue de thèmes toujours aussi universels et sa réalisation affinée, vaut le détour pour le retour de Lily, personnage emblématique du onzième épisode toujours interprété par l'excellente Asaoka Ruriko qui lui valut à l'époque une certaine reconnaissance critique et festivalière avec entre autres ses nombreux prix d'interprétation reçus au Kinema Jumpo, au concours Mainichi et au festival Blue Ribbon en 1976. Pour ce quinzième film, Yamada bouscule légèrement la donne en faisant apparaître Torajiro pour la première fois au café Sakura au bout d'une grosse demi-heure. On le verra bien évidemment au cours d'une introduction une nouvelle fois saugrenue, dans la peau d'un pirate, naviguant sur les eaux japonaises. Le ton résolument comique et moqueur d'une belle époque où le film de pirates était monnaie courante, est ici caricaturée par Yamada avec un certain brio -bricolé mais d'une grande générosité. L'amateur de la saga attendra le générique pour voir le film larguer ses amarres et reprendre ses bonnes habitudes : éloigné de son foyer, Tora se retrouve nez à nez avec un trouble-fête qu'il croit au bord du suicide.
De retour dans son village natal, Torajiro n'aura jamais été aussi proche de trouver l'âme soeur en la personne de Lily, pétillante et toujours disponible : l'occasion pour Yamada de l'impliquer dans de belles scènes de rassemblement autour d'une table et de quelques bouteilles de saké, et de mettre en avant les valeurs du partage. Si le cinéaste évoque souvent des thèmes de la vie de tous les jours, il met ici l'accent sur l'importance du mariage, l'amitié et l'aide à autrui, et l'amour sans utopie : certaines séquences romantiques sont ainsi menées avec l'entrain habituel de Atsumi Kiyoshi, donnant ainsi un formidable cachet burlesque du film muet. Si la série peine à réellement évoluer, elle reste toujours un formidable remède contre le coup de barre. Ce n'est pas la courte apparition de Chishu Ryu s'offusquant de voir Torajiro tenir le bras d'une femme, ni la traditionnelle prise de bec familiale qui nous feront dire le contraire,
Tora-san 15 est sans conteste l'un des épisodes les plus attendrissants et rondement menés de cette formidable saga.