bon wu xia
Cheng kang aux commades, Liu Chia Liang et Tang Chia comme chorégraphes, et un bon Jimmy Wang Yu, vous mélangez tout ça et vous obtenez un bon Wu Xia Pian avec quelques scenes de combats ou Wang Yu nous montre qu'il est bien plus a l'aise avec un sabre ou des poignards en mains, plutot que le combat a mains nue.. ici je vais dévoiler juste une chose pour vous faire une idée de la tournure que prend le film.... Wang Yu devient (lors d'un combat) aveugle et veut se venger..cela donne quelques scenes assez spectaculaires..
Film intéressant mais formule caduque
L'histoire
Lin Jen-Shiau (Jimmy Wang Yu) est un jeune et talentueux épéiste au cœur pur, tombé dans le monde des arts martiaux par esprit de redevance morale envers celui qui porta jadis secours à son père. Son aspiration à une vie simple dans le pur respect des traditions confucianistes se trouvera malgré tout mise à mal lorsqu’il se verra confier par son maitre un sabre mythique convoité par de barbares envahisseurs et leurs sbires, avec pour mission de le transmettre à la cour régnante pour assurer la stabilité du pays. Pris entre ses obligations morales et les manigances cruelles et répétées de ses assaillants, il devra mettre de coté ses aspirations premières afin de mener à bien sa mission, non sans laisser au passage de trop nombreuses traces sanglantes des sacrifices que celle-ci implique.
Le film
Règles du très volatile marché HK obligent, le public s'étant découvert un nouveau héro catharsistique dans le personnage d'un
Jimmy WANG Yu ayant rapidement et définitivement tourné le dos à ses rôles de jeunes premiers, le film devra répondre à un cahier des charges bien précis pouvant se résumer à "Chang Cheh style + Wang Yu power" (comprenez "violence éruptive et héro devant beaucoup souffrir avant d'opérer son carnage libérateur final"). Mais
CHANG Cheh réalisant déjà à l'époque 4 à 6 films par an, ce sera cette fois à
CHENG Kang de s'y coller (au scénar et à la réal) pour tirer sur la corde. On trouvera donc beaucoup de ressemblances de forme avec le cinéma violent et mâle de Chang Cheh tel qu’initié dans son
Magnificent Trio de 1966 puis plus clairement mis en place dans son
One-Armed Swordsman de 1967 et confirmé les mois suivants, toujours avec le même Wang Yu en cristallisateur, avec
The Assassin et
The Golden Swallow . Le déroulement du récit fera lui-même immanquablement penser à son illustre modèle (Le Sabreur Manchot), ne serait-ce que pour la mutilation de son héro et de l’ensemble des scènes qui y sont rattachées, quasiment au visuel près. Cependant, le fond de motivation sera ici bien plus traditionnel, célébrant les valeurs de patriotisme et de respect des règles confucianistes, un thème que l'on retrouvera dans la suite proche de la filmographie de Cheng Kang avec ses
Twelve Gold Medallions et
Fourteen Amazons. Et c'est justement là que la formule appliquée devient caduque. Car autant la nouvelle forme extrême proposée par Chang Cheh (l'outrance en tant que figure de style) cadrait avec un fond lui aussi novateur sans risque de comparaison, autant son exploitation sur un fond traditionnaliste sombre ici dans une exagération rapidement hors de propos par manque de distanciation. Chang Cheh avait su s'affranchir de l'héritage du
Come Drink With Me de
King HU pour proposer son
Golden Swallow, Cheng Kang (et à travers lui les productions SB) aurait probablement mieux fait de rester dans la lignée de
CHUI Chang Wang et de sa trilogie du
Temple of the Red Lotus pour mettre en forme ce Sword of Swords. Cela est d'autant plus regrettable que, pris séparément et dans leurs propres registres, les éléments avancés amènent chacun une réelle intensité au film, leur agencement dans une même présentation posant seule problème. La 1ère période de cas de conscience du héro face au respect des règles d'obéissance confucianistes est ainsi porteuse d'une belle dramaturgie mais pourra se révéler comme juste plombante aux yeux de qui n’attend qu’un film "martial" de la star Wang Yu. Quand à la partie action réglée par
TANG Chia et
LIU Chia-Liang, pour foisonnante et efficace qu'elle soit (et elle l'est !), elle n'évitera pas un coté grotesque que le temps n'excuse même pas dans son accumulation d’éléments de cruauté gratuits pour une histoire emprunte d'un tel classicisme. Le fond ne justifiait pas ici une telle forme. Le récit en lui-même ne manquait pas non plus d’adresse, préférant éviter l’écueil d’une trame spécieusement mystérieuse pour organiser son relatif suspens sur un principe d'attente afin de rapprocher le spectateur du personnage principal. Quand au casting, on ne saurait même en imaginer de plus satisfaisant, chacun y tenant son rôle avec un savoir faire consommé (mention spéciale personnelle pour
WONG Chung Shun , libidineux et psychopathe à souhait).
Verdict
Intense par partie et tout aussi partiellement décevant, ce Sword of Swords ne réussit pas selon moi à trouver l'alchimie entre un fond traditionnaliste et une forme novatrice mal adaptée, accusant de fait son état de produit d’exploitation pour les limites qu’il impose à son auteur. Possédant malgré tout trop de qualités pour ne représenter qu’une simple suite au filon Wang Yu, il mérite au moins une vision en complément des filmographies de son auteur, de son interprète principal ou de ses modèles.