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Swallowtail Butterfly

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les avis de Cinemasie

4 critiques: 4.38/5

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26 critiques: 3.95/5



Chris 5 Un roman fleuve magistral.
Elise 5 Gigantesque
Yann K 4 Ambitieux, libre et un "My way" culte
Ordell Robbie 3.5 Papillon charmant mais s'égarant souvent
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Un roman fleuve magistral.

Iwai réalise là un film épique avec son actrice fétiche, Chara. Il est quasi-impossible à résumer, sans oublier une part importante de l'histoire, tant celle-ci est foisonnante et anti-linéaire.

Si le début décrit Yentown et ses habitants, un univers crade, mal famé, différent du Japon brillant, alors que l'on s'attend à une dénonciation du Japon social à la manière d'un Kamikaze Taxi , la suite vire langoureusement vers une version nettement plus rock n' roll, avec des tueurs à gages, des codes secrets, des nettoyeurs à la solde du gouvernement, des gunfights, des explosions, des courses-poursuites, ...

Mais attention, il ne s'agit pas là d'un actionner pur et dur. Iwai s'attache à ses personnages et passe beaucoup de temps sur chacun d'entre eux, à décrire leurs préoccupations. De la chanteuse, au chef des malfrats, de la petite Ageha au loser abandonné, tous les personnages sont sublimement décrits. Même Ren, un type dont on ne sait quasiment rien - sauf qu'il est ultra-doué pour les gunfights - est un personnage passionnant (dont on aimerait en savoir plus).

Il s'agit en fait d'un feuilleton, avec des côtés soap très marqués, des situations impossibles (le truand ayant un code secret greffé dans le foie !), des séquences rock très puissantes (jamais "My Way" n'a été interprété de manière si sublime), des personnages solides, des personnages non pas secondaires mais tertiaires très graphiques (le tueur yakuza, la tank girl sexy, ...).

Du point de vue formel, le film regorge de trouvailles étonnantes : la séquence onirique avec l'excellent Mickey Curtis est d'une beauté à pleurer et pourrait annoncer ce que sera le cinéma de demain !

Le film échappe ainsi à toute tentative de classification, il est également assez difficile à rapprocher d'une autre oeuvre, tant celle-ci est riche, novatrice, foisonnante et surtout passionnante. Culte au Japon, on espère qu'il sera un jour distribué en dehors de ces frontières. On espère également que Shunji Iwai retourne vers des projets aussi ambitieux...



01 février 2001
par Chris




Gigantesque

Fabuleux ; grande fresque imaginaire sur une ville qui l'est tout autant. Shunji Iwai monte de toute pièce une ville, dans l'esprit de la ruée vers l'or du 19ème siècle aux Etats-Unis : une ville, Yentown, où des immigrants viennent par milliers pour acquérir une fortune imaginaire, mais finisse dans des ghettos, n'ayant même pas les moyens de rentrer chez eux, et toujours aveuglé par un possible miracle. Alternant entre fatalisme et optimisme, Swallowtail Butterfly se focalise particulièrement sur un petit groupe d'exclus qui vont parvenir accomplir leur rêve, pour être rattrapés par une réalité qu'il ne peuvent éviter.


Sordide mais pas trop, Shunji Iwai nous épargne le pire de ce que l'on pourrait trouver dans une telle ville ; il nous livre tout de même un aperçu avec le passage dans la rue de l'opium, une scène glaucque qui reflète très bien ce penchant extrémiste de la population exclue. Pour un film si long, il est rudement bien mené ; le scénario ne s'égare pas et accroche toujours raisonnablement près de la trame principale, autour d'Ageha, Glico et Fei-Hong ; et même lorsqu'ils suivent chacun leurs propre chemins, on ne se sent pas écartelé entre les ficelles.


Le niveau linguistique de Swallowtail Butterfly est également assez étonnant. Au début du film, on se surprend à avoir du mal à distinguer les différentes langues, entre l'anglais, le chinois et le japonais. Même cela donne l'impression qu'au sein de ce ghettos pluri-culturel, une sorte de croisement s'est opéré, créant une langue hybride personnalisant cette communauté. Belle trouvaille de Shunji Iwai, car même si chaque personnage ne comprend pas forcément toutes les langues, toutes ont leur place ici et sont omniprésentes ; et à l'instar d'Ageha, pour une question de survie, chaque « paria » finit par se faire comprendre par tout le monde.


Encore une fois, un film de Shunji Iwai qui me surprend ; à mon goût son meilleur film, tourné sans doute très difficilement dans un univers pluri-langues éprouvant, avec une troupe d'acteurs fabuleux et une histoire magnifiquement traitée, sans jamais se perdre dans des longueurs, malgré ses grosses 2h30.



04 octobre 2005
par Elise




Papillon charmant mais s'égarant souvent

Sorti à peu près à la même époque et sur le même thème (l'immigration) que Kamikaze Taxi, Swallowtail Butterfly est un autre témoignage du renouveau du cinéma japonais et de son talent pour mélanger les genres: on commence comme un film social pour bifurquer sur la trajectoire d'un groupe de rock et revenir à du cinéma de yakuza. On a surnommé Iwai le Wong Kar Wai japonais. Mais sa photographie est moins stylisée: la stylisation passe chez lui par le coloriage criard, le look des personnages (un yakuza looké corsaire), l'utilisation de la caméra portée pour donner un côté heurté, documentaire. Par contre, My Way joue le même rôle que les chansons des films de WKW: elle exprime l'idée de choisir sa propre voie pour arriver à son but, de ne pas le regretter, exactement ce que font des héros qui volent des billets pour avoir de quoi s'acheter un club ou tuent pour retrouver la cassette de My Way justement. Elle pourrait résumer le film à elle toute seule. L'autre force du film est la capacité d'Iwai à retranscrire sur le vif le bouillonnement créatif du Tokyo alternatif, la description de la récupération de cette agitation par des producteurs véreux. La volonté du cinéaste d'essayer d'approfondir tous ses personnages, la dispersion du récit entrainent quelques longueurs et font partir parfois le film dans tous les sens mais il faut remercier Iwai d'avoir respecté tous ses personnages et d'avoir fait un film sans véritable héros: Ageha ne joue que le rôle d'une passeuse. La mise en scène et le montage sont loin d'etre irréprochables -ils sombrent parfois dans la gros brouillon- mais l'énergie que dégage le film et ses acteurs lui font emporter le morceau.



06 décembre 2001
par Ordell Robbie


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