Ultime combat
Portrait du réalisateur malien faisant partie d'une série, cette contribution de Panh à ses - relatifs - débuts est intéressant à plus d'un titre. Si le documentariste n'aura fait que de rares incursions jusqu'à présent dans le domaine de la fiction, son oeuvre comporte pourtant bien de similitudes avec celui du réalisateur africain. Même sens du petit détail méticuleux, même importance à filmer la Nature, même manière de décrire le corps humain, même envie de recréer un style quasi-documentariste pour gagner en réalisme et d'employer des amateurs plutôt que des acteurs confirmés, même volonté de dénoncer de profondes injustices de la soumission d'un peuple tout entier livré à la seule merci de quelques autres humains malveillants. S'il s'agit dans le cas de Panh "que" d'un terrible conflit ayant déchiré une nation entière par le biais de la dictature répressive, Cisse dénonce le combat dans son intégralité de l'homme noir face à l'homme blanc. Dès le départ, il dénonce l'édifiante main-mise des blancs sur les africains, arrivés avec des caméras sans leur avoir appris à s'en servir, mais les utilisant pour représenter ces hommes noirs "pires que des animaux". C'est à partir de ce ressentiment - et après avoir vu les images de l'arrestation de Mumura - que Cissé trouve la vocation de faire de la réalisation son métier, pour représenter ses contemporains comme des personnes à part entière, avec une réelle identité et culture bien à eux.
Un passionnant portrait aux belles images typiques de la mise en scène de Panh, mais qui trouve ses limites dans la durée trop brève ne permettant pas au réalisateur de s'expliquer suffisamment, notamment sur la conception de ses différents métrages. Oeuvres aux images fortement symboliques, il aurait été salutaire de pénétrer davantage l'univers particulier du réalisateur africain et de s'immerger plus personnellement dans ses visions...Au moins aura-t-il re-donné envie de re-voir ses - trop rares - films faits avec ses tripes !
