Jeu de mains...
Plus de dix ans après son dernier mega-succès, le réalisateur de "Shall we dance", Suo Masayuki revient sur le devant de la scène avec sa reconstitution judiciaire hitchcockienne "I just didn't do it". Le film s'inscrit dans l'actuelle vague de films nippons de reconstitutions de procès d'affaires criminelles (en grande partie par l'indépendant "Sway" présenté l'année dernière à Cannes). Mis en scène comme un téléfilm, Suo réussit pourtant à transcender le genre par son détail minutieux, son suspense digne d'un film de Hitchcock et – surtout – de sa critique acerbe d'une faille de l'actuel système judiciaire nippon. Accusé d'un attouchement dans un métro bondé, un jeune homme va se retrouver du jour au lendemain pour trois mois en garde à vue avant que son procès ne commence. Les attouchements opportunistes étant une triste réalité du quotidien japonais, la loi ne donne plus dans la demi-mesure pour condamner ce méfait; mais qu'en est-il quand un citoyen est accusé à tort? Le film restera toujours flou sur les faits réels (n'a-t-il réellement pas profité de la situation?), mais est passionnant dans les efforts de prouver la supposée innocence du personnage principal. Durant un peu plus de deux heures, à aucun moment le film ne se traîne en longueur; le principal mérite revenant à la qualité d'interprétation, une mise en retrait parfaite de tout parti pris ou sensationnalisme de la part du réalisateur et un intérêt sans cesse relancé par des nouvelles idées.
Seul le discours final pourrait sembler un brin trop pompeux…