Rues Animées
"Singapore GaGa" a été le premier documentaire à avoir été officiellement diffusé dans des cinémas singgapouriens. Sa diffusion est restée confidentielle (notamment en raison de sa relative courte durée de 55' ne permettant des séances "officielles"), mais a connu un certain succès, jouant plusieurs fois à guichets fermés.
C'est que le documentaire de la réalisatrice Tan Pin Pin (déjà auteur des remarqués courts-métrages "Rogers Park", "Microwave", "Lurve Me Now" et "80 kmh") a parfaitement réussi à capter le nerf des temps: au détour de quelqeus rencontres plus ou moins insolites avec des artistes (de rue), elle rend compte du Singapore du passé, comme du présent.
Entre autres, il y a le guitariste Melvyn, chantant à bâtons rompus dans une station métro tout sauf fréquentée au beau milieu de la nuit. Le ventriloque Victor Khoo fait hurler de plaisir les enfants singapouriens depuis 50 ans avec sa poupée Charlee, héritée de son père avant lui. L'harmoniste Yew Hong Chow ressuscite le Singapore des années 1960 et 1970 à travers ses passionnants témoignages. L'artiste Margaret Leng Tan (auteur de l'album "The Art of Toy Piano") donne un concert impromptu sur le parvis d'Ang Mo Kio après son concert. Il a également la surprenante "voix", Juanita, responsable des messages enregistrés aux feux de croisement pour permettre de traverser la route ou celle des ascenseurs; le diffuseur du journal en six dialectes chinois différents (alors qu'ils ont été officiellement bannis il y a plus de vingt ans de la ville-état) et surtout Ying, l'incroyable step-dancer…
Des instantanés forcément sympathiques, parfois lourds de symbolisme dans la contrôlée Singapore et tous intéressants.
Focus Films, la société de production hongkongaise d'Andy Lau, ne s'est pas trompé en achetant ce petit bijou pour le marché international.