Giallo HK
Voilà un film clé qui ne paie pas de mine et qui va tout en crescendo justifier son approche avec un brio qui fera beaucoup de petits bébés. Red Panther est un vrai giallo dans son inspiration qui centre son récit sur un tueur mystérieux et ganté aux méthodes chirurgicales radicales qu’un policier tente de démasquer. Comme le veut la tradition italienne, le tueur en série n’est découvert qu’en toute fin de film alors que la caméra ne montre que sa main et son scalpel ou ses jambes marchant dans un couloir sur une musique electro-guitareuse hitchcockienne. Le suspense à HK n’est pas réputé pour tenir la route bien longtemps et il faut bien avouer que le métrage ne déroge pas totalement à la règle mais s'en sort avec les honneurs. Le réalisateur Kong Lung parvient à brouiller les pistes en nous aiguillant successivement jusqu’à réussir un minimum l’effet voulu : ne plus savoir qui est vraiment le tueur. L’œil contemporain saura sans doute démasquer les subterfuges mais tout de même (personnellement, il m'a fallu un bon moment pour être sûr). Avec une mise en scène sobre mais efficace qui supporte bien l’ensemble et qu'il n'est pas interdit de comparer par moment à Brian de Palma ou même au grand Dario Argento, Red Panther parvient à bien se tenir ce qui est assez notoire pour un suspense à HK alors que les scènes chocs y sont inexistantes et qu’il ne se passe pas grand-chose avant le très bon final qui part notoirement en vrille.
Une autre touche typique enrobe aussi Red Panther et le place en grand précurseur de la Cat III. Il est décidément très dur pour tout film HK 80’s de ne pas laisser traîner ici et là une lampée de comédie graveleuse et c’est une nouvelle fois le cas par l’intermédiaire de James Yi, célèbre acteur comique de l’époque qui joue le détective, personnage principal qui rappelle indéniablement Anthony Wong dans ses futurs rôles d’enquêteur ahuri fringué comme c’est pas permis, qui ne pense qu’au sexe et se plante régulièrement. La comédie grasse qui semble tout d’abord tuer le suspense se juxtapose de façon étonnamment naturelle pour finir par se marier avec la tension et ce jusqu’à l’ultime plan final. C’est donc petit à petit que Red Panther emporte la mise réussissant à balader le spectateur tout en ponctuant son récit de moments comiques objectivement pas drôles mais qui permettent paradoxalement d’accentuer les excès de déviance. Une formule qui définit on ne peut mieux les gros calibres à venir de la Cat III. On retrouve même dans Red Panther les fameux beignets de chaire humaine qui feront la réputation de Untold Story et Ebola Syndrome tandis que les hémorroïdes de James Yi sont un ressort bas de plafond lui aussi très caractéristique.