L'amour en chantant
Le réalisateur Tony Au est l'un des plus intéressants réalisateurs hongkongais des années 1980 et 1990 aujourd'hui totalement oubliés. Faisant ses premières armes comme (un excellent) directeur artistique sur des pures merveilles telles que "L'enfer des armes" de Tsui Hark, "Teenage Dreamers" ou "Love in a fallen city", il signe deux ambitieuses fresques, "The Last Affair" et "Dream Lovers" avant ce "Profile of Pleasures".
Ce dernier est une nouvelle splendide reconstitution historique du Hong Kong des années 1930 et aborde une loi aux très fortes répercussions dans l'archipel: la loi interdisant la prostitution en 1935. En passant, il tente également de ressusciter le genre moribond depuis la fin des années 1960, celui de la comédie musicale.
Dommage seulement que toutes ces belles ambitions ne manquent leur but. La première faute en incombe à une triangulaire histoire d'amour peu passionnante, certes inspirée d'un certain cinéma hongkongais populaire des années 1950, mais trop vaudevillesque et vieillot pour pleinement convaincre. D'autre part, il tente d'insuffler un nouveau rythme par rapport à ses deux premiers, plus posé et s'attachant davantage à ses personnages, mais qui n'a pour seul résultat que de ralentir une intrigue déjà poussive à l'origine.
Le scénario – malgré quelques rebondissements trop connus – est prévisible de bout en bout et accuse un sacré coup de vieux.
Reste le remarquable travail de reconstitution, aussi bien sur les décors, que sur les costumes et un effort de réalisation bien au-delà de ce qui se faisait par ailleurs à la même époque dans un cinéma hongkongais ultra-populaire.