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Bastian Meiresonne 2


classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement

Corps de rêve

Petite parenthèse curieuse dans la filmographie de son réalisateur, que l'on doit sans doute prendre comme un film de commande ou opportunité commerciale sur le récent marché de niche du film gay philippin.
 
Soit donc cinq courtes "fantaisies" d'hommes se fantasmant dans les bras d'autres hommes à l'issue de situations parmi les plus ordinaires. Un adolescent paumé se retrouve dans les bras d'un chauffeur de taxi; un autre entre ceux d'un gardien de nuit. Un adolescent prend une douche commune avec une équipe de basketteurs virils, tandis qu'un livreur de pizza s'envoie en l'air avec un cadre dans un bureau déserté en livrant une pizza…Ah oui…et deux réparateurs d'une ligne téléphonique vont faire plus que s'occuper d'une photocopieuse…pardon…ligne téléphonique.
 
Histoires écrites par Boots Agbayani Pastor, déjà à l'origine du "Masseur" et de "Summer Heat" et – surtout – du futur "Serbis", le produit final (d'ailleurs signé de l'ancien nom de directeur artistique "Dante Mendoza", au lieu, habituel du réalisateur, de Brillante) ressemble à l'une de ces innombrables œuvres à pulluler sur le marché actuel indépendant philippin – seules productions indés à rapporter d'ailleurs des bénéfices grâce à un public nombreux et fidèle.
Comme à son habitude, Brillante s'entoure de son équipe technique habituelle et de certains de ses acteurs (dont l'incontournable Coco Martin, curieusement pas cité au générique, mais bien dans les remerciements) pour présenter des histoires apparemment rapidement tournées en caméra digitale. Point de grande immersion, mais plutôt une série de vignettes, qui vont rapidement à l'essentiel, soit des hommes aimant des hommes dans des scènes très soft, mais bien mises en scène (à fleur de peau et de manière très esthétique). Entre deux, les personnages déambulent dans les rues de Manille, se posant maintes et maintes questions relatives à leur orientation sexuelle…C'est parfois réussi, souvent un peu vain ("La vie est une bataille…"), notamment pour ne pas réussir à s'attacher en un minimum de temps à des personnages à peine esquissés.
 
Le seul point en commun de ces histoires, c'est qu'il s'agit là de "phantasmes", des rêveries, permettant d'assouvir les plus fols désirs, mais s'interrogeant également sur la réalisation authentique de ces épisodes. Dante voudrait-il dire, que tout cela ne puisse exister dans un vrai monde (d'hommes); qu'il n'y ait pas de place pour le rêve et l'amour ? Pourquoi terminer sur un épisode incluant une dispute / la fin d'un couple d'homos avec – en lot de consolation – l'un des amants finissant, au hasard, dans les bras d'un gardien de nuit (one-night stand)…
 
Sans doute des questions vaines pour un produit uniquement destiné à l'exploitation; mais ce qui est d'autant plus décevant de la part d'un réalisateur, qui nous avait habitués à mieux dans le fond. L'autre gros problème, c'est que le principe même des histoires, débouchant indéniablement sur des parties de jambes en l'air, puisse profondément ennuyer un grand public à la longue, tandis que la première cible, la communauté homosexuelle, risque de reprocher un manque d'érotisme plus poussé dans des scènes tout sauf réellement torrides…C'est que Mendoza a réussi à insuffler bien plus d'érotisme en quelques plans dans "Le masseur" ou "Serbis", que dans l'enchaînement de ces sketches coquins. 


17 juin 2009
par Bastian Meiresonne


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