De l'héroic fantasy à la sauce Chang Cheh et Liu Chia Liang
Na Cha the Great ne peut pas vraiment être considéré comme un Chang Cheh typique. C'est probablement la première incursion du prolifique réalisateur Hong kongais dans le domaine du fantastique (même si on pourrait déjà dire que voir Jimmy Wang Yu tuer autant de personnes avec un bras relève du film fantastique, voir de la science fiction...), pour un résultat mi-figue mi-raisin. On assiste en effet à un spectacle évidemment très kitsch mais d'autant plus plaisant, avec son lot d'effets spéciaux très datés, de kung-fu très léché (Liu Chia Liang n'est pas là pour rien), le tout emmené par un Fu Sheng très à l'aise. Simplement ça ne va jamais plus loin que ce stade et se termine de manière un peu décevante.
Le début est assez convenu, Na Cha est un fils turbulent qui découvre la vrai vie lorsqu'il déserte le domicile paternel pour descendre à la ville. On se plaît à voir un Fu Sheng évidemment très à l'aise dans ce genre de rôle, mais autrement rien de palpitant. L'arrivée de la touche fantastique apporte une touche de fraîcheur dans un Chang Cheh, et on s'amuse tout de suite beaucoup plus, surtout grâce aux effets spéciaux évidemment très datés, mais parfois très astucieux. Même dans un genre qui n'est pas le leur, Chang Cheh et Liu Chiang Liang ne peuvent s'empêcher de signer leur oeuvre. Chang Cheh se laisse aller à un délire sanguilonent très coloré sur des démons (enfin démons... des figurants quoi), alors que Liu Chia Liang enchaîne les armes et techniques lors de l'assez long combat final. La pertinence de ces apports personnels est par contre très discutable, car un peu hors sujet, même si pas déplaisant. La violence Chang Chehienne est à sa place si la partie dramatique est construite en parallèle, ce qui n'est pas le cas ici. Soyons clair, les enjeux dramatiques et émotionnels frisent le zéro, même lorsque Na Cha doit s'ouvrir le ventre.
Non, Na Cha the Great reste un divertissement pur, bonifié par les années qui viennent renforcer son côté kitsch. Cela compense en partie le manque de profondeur du scénario et la cohérence un peu légère de l'ensemble. La bonne humeur de Fu Sheng, un des rares acteurs de la Shaw capable à la fois dramatique et martiallement, n'y est évidemment pas pour rien. Voir le brave Sheng en train de taper comme un damné sur un dragon en carton reste un grand moment de bonne rigolade. A voir pour se détendre donc, sans en attendre plus.
Le seigneur de l'anneau contre le seigneur d'aquaboulevard.
Na Cha the Great ou une épopée mythologico-antique teintée de Kung-fu, de magie, de philosophie, d'humour bon enfant et d'effets spéciaux kitsch, en résumé une petite perle signée Chang Cheh.
Na Cha contre Poseïdon
Le regretté et indispensable Fu Sheng incarne le jeune Na Cha, fils d'un officiel très puissant, il passe son temps à se créer des ennuis et faire des pitreries. Couvé par sa famille, il sort de chez lui, découvre le monde et se rend compte que celui-ci est bien injuste. Il finit par défendre les opprimés de sa région notamment une jeune fille convoitée par un démon venu des océans. Na Cha s'empresse de la défendre et de réduire en bouillie ce démon qui a eu l'audace de se transformer en dragon au contact de l'anneau magique de Na Cha. Malheureusement le courroux vengeur du papa de ce démon (le dieu des mers) ne tarde pas à résonner tel l'éclair foudrayant et ce dernier menace d'innonder la région sous ses flots si Na Cha n'est pas puni. Na Cha se sacrifie pour son peuple mais le dieu du ciel trouve juste de ressusciter Na Cha...
PuRpLe HaZe
Héroïc-fantasy, péplum, kung-fu, fantastique, historique, humoristique, Na Cha mélange tous les genres et les influences sans rougir de ses origines.
La réalisation de Chang Cheh reste fluide tandis que ses geysers de sang sont remplacés ici par des geysers colorés (bleu, vert, blanc mais toujours au ralenti!).
La débauche de couleurs, de costumes, de décors et d'effets spéciaux kitsch (un peu normal pour l'époque, plus proche des sentaïs japonais que du
Star Wars réalisé 3 ans plus tard) offre un univers attachant et magique qui pourrait en faire sourire plus d'un. On a le droit, entre autre à: des géants barbus, des combats en plein océan (devant un aquarium), des roulettes enflammées volantes, une lance-flamme (j'ai bien écrit UNE et pas UN), des dragons fougeux, une tour infernale qui joue des tours (elle était facile celle-là) et un anneau magique.
Technique de l'anneau novatrice que Fu Sheng maîtrise parfaitement. Il interprète Na Cha à la perfection, c'est un gamin gouailleur, malicieux, rebelle et doué en arts martiaux. Quand on le voit marcher, sautiller ou courir, on a vraiment l'impression de se trouver devant un gamin.
Vous l'aurez compris
Na Cha est un de ces divertissement mélangeant les styles, terriblement kitsch, rythmé et jouissif.