Internet réalité
Qu'est-ce que vous seriez prêts à accomplir pour gagner un million ? Si la question a été souvent posée, la réponse est toujours sensiblement la même : des conneries. Et ici, la règle s'applique encore une fois. Tout le monde connait peu ou proue le fonctionnement de Koh Lantha : une bande d'idiots est sélectionnée pour aller se paumer sur une île ou dans une forêt et doivent accomplir des épreuves tout aussi débiles, sous prétexte que des naufragés auraient à passer les mêmes épreuves naturellement s'ils étaient dans cette situation. Sauf qu'on a oublié de leur dire que les naufragés avaient pas choisi leur situation dans la plupart des cas. Bref, A Million raconte exactement cela, à quelques détails près. Ici, pas de grosse chaîne de TV qui chapote l'émission, mais un type seul qui organise tout (1) et qui envoie les vidéos qu'il prend sur Daum (l'équivalent coréen de Youtube). Il choisit 8 participants, d'horizons très différents (représenter toutes les couches de la société c'est important), leur envoie un billet d'avion pour l'Australie, et les y retrouve pour aller les emmener de nuit dans le coin le plus paumé de l'île. Là-bas, il leur propose de petites épreuves, la première étant de construire un radeau en bois, par équipe, qu'ils doivent mettre à l'eau pour atteindre le plus vite possible une bouée. Ils votent ensuite pour une personne chez les perdants à éliminer. C'est dans la seconde épreuve qu'une fille tombe malencontreusement sur le corps inerte du pauvre homme éliminé de l'épreuve précédente. À partir de ce moment là, tout le groupe essaie de se rebeller, mais l'organisateur, qui est armé, leur fait continuer les épreuves, et en improvise de nouvelles suivant les actions des participants.
Si Haeundae est la grosse machine de guerre de l'été 2009, A Million est au contraire tout l'inverse. Un film assez sobre, une idée lancée par la boîte indépendant Sponge (qui produit les Kim Ki-Duk), même si Sidus est venu par la suite conforter la production en faisant passer le film de petit indépendant à gros blockbuster. Mais du blockbuster il n'a rien. On sent que le réalisateur veut rester sobre dans ses plans, dans son montage, et le film respire la liberté d'action. On regrette surtout l'idée générale du film qui manque cruellement d'originalité, le manque de suspense également, entre le fait de savoir, dès le début, qui survit (même si cela sert la chute), et de n'être jamais surpris par la tournure des événements. Il n'y que très peu de retournements de situation, ou les tentatives sont très vite désamorcées. Le seul point intéressant du scénarios est qu'on nous distille au bout d'un moment des informations sur les motivations de génial organisateur du jeu, qui seront toutes expliquées assez maladroitement en fin de métrage, par une vidéo flashback un peu trop facile, mais lâchant clairement le sujet principal du film.
Ha bon ? Il ne s'agit pas juste d'un jeu débile ? Non, évidemment, car comme dans tous les films sur la TV réalité qui va plus loin que la morale, il y a toujours une critique de la société, et celui ne fait pas exception. Sauf que pour une fois, il ne s'agit pas de voyeurisme, comme on a l'habitude de le voir. A Million s'attaque à l'individualisme et l'égoïsme dans la société, qu'il est difficilement explicable sans raconter le film et surtout sa chute.
À coté de ça, on se retrouve devant la nouvelle génération de jeunes talents, ce qui fait plaisir à voir quand à coté, le gros montre nous balance des grosses stars. Au moins, on retrouve un Park Hae-il fidèle à lui-même. Toujours aussi bon, surtout quand il passe par tous les stades entre la peur et la colère. Shin Mina est plutôt bien encore une fois, finissant sa reconversion après des années de drama débile pour devenir enfin une actrice. Et les seconds couteaux comme Jeong Yumi, Park Hui-sun et Lee Min-ki ne nous décevant jamais, il n'y avait pas de raison qe cela commence. Même Ko Eun-ha s'en sort plutôt bien dans son rôle de cruche de service.
Bref, petit film assez réjouissant même s'il manque de beaucoup d'originalité dans son développement. Les acteurs sont honorables, la mise en scène sobre, et on notera également une musique adaptée qui ne tambourine pas dans les oreilles mais suit l'action à en devenir indissociable de l'image, ce qui, au final, a plus belle mine que le conccurrent tonitruant du voisin.
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(1) avec quel argent, mystère, mais j'avouerais que sans les sous-titre, il est possible que l'information m'est échappé, mais c'est tellement pas important que ça ne mérite pas nécessairement d'être expliqué.