Massacre à la ennuyeuse
Mis en production pour laisser loin derrière lui le film en costumes (Patrick Tam renierait presque son précédent "The Sword"), "Love Massacre" était tout d'abord pensé comme un projet commercial. Inspiré d'un fait divers réel, contant le massacre d'un psychopathe américain dans un pensionnat pour infirmières en 1981 (donc semblable aux "Violated Angels" de Koji Wakamatsu, que Tam dit n'avoir pas vu), cet authentique slasher ne s'adresse pourtant pas vraiment à un large public. Non seulement tous les meurtres ont été censurés dans la seule version connue encore existante aujourd'hui – réduisant l'impact violent voulu à l'origine – mais les nombreuses expérimentations visuelles sont particulièrement arides. Inspiré par les peintures de David Hockney, Mondrian et son culte des de Stijl, c'est pourtant avant tout les créations de Mark Rothko, qui auront servi Tam d'influence première. Soit une démultiplication des couleurs primaires, tel une femme en robe rouge (une couleur en mouvement) se déplaçant devant un mur bleu (une couleur immobile). Ou des geysers de sang arrosant des draps blancs.
Le film est trop long, le jeu d'acteurs approximatif et les coupes franchement gênantes. Une œuvre en l'état mutilé, mais qu'il faut sans doute davantage appréhender comme une œuvre visuelle expérimentale, plutôt qu'un vrai film en soi…