L'étoile du journaliste
Christophe de Ponfilly n'est pas un réalisateur de fiction, et ça se sent : manque de punch dans les scènes clés, approximations dans la mise en scène et dans la direction d'acteurs, ficelles narratives parfois trop grosses et trop démonstratives. Mais Ponfilly est un journaliste, un vrai ; le genre de journaliste qui connait son sujet sur le bout des doigts et qui en parle avec passion, de tout son coeur - une espèce dont on se demande parfois si elle ne serait pas en voie de disparition.
L'Etoile du Soldat est donc un mix non abouti mais très sincère de documentaire et de fiction, volontairement tourné dans la vallée du Panchyre en Afghanistan, parce que Ponfilly croit en la puisance des lieux. Courageux et téméraire, il met en image une histoire qu'il a lui-même vécue, celle d'un jeune soldat russe tombé entre les mains des résistants moudjahidin qui finiront par l'adopter plutôt que de le considérer comme un ennemi. C'est l'idée fixe de Ponfilly : les hommes sont faits pour s'entendre par-delà leurs cultures, leurs langues et leurs religions, mais une minorité de fouteurs de m... (au hasard, des gouvernements influencés par des idéologies de tout poil) vient toujours les monter artificiellement les uns contre les autres.
Constatant l'ignorance quasi complète de ses compatriotes sur les réalités afghanes - malgré 25 ans de travail, le film de Ponfilly est volontiers pédagogique et simplificateur : une voix off renvoit dos à dos les russes, accusés d'avoir instillé le poison de la guerre civile, et les américains, accusés de ne pas avoir parié sur le bon cheval en armant les islamistes radicaux. Celui qui est un peu au fait de ce qui se trame dans ces montagnes n'apprendra donc malheureusement pas grand chose. Il pourra cependant se raccrocher à la bonne prestation du franco-russe Sacha Bourdo.