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Le Papier ne peut pas envelopper la braise

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1 critiques: 3.75/5

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1 critiques: 4.25/5

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Bastian Meiresonne 4.25


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Génération X

Le cinéaste / documentariste Rithy Panh continue son exceptionnelle immersion dans l'actuelle société cambodgienne et – surtout – les conséquences horribles de l'effroyable régime khmer en s'intéressant cette fois au malheureux destin de quelques femmes de joie.
Car toutes sont issues de classes sociales basses, pour la plupart des victimes du terrible conflit khmer. Elles ont vécu dans l'ancien camp de réfugiés de "Site 2". Elles n'ont jamais pu avoir accès à une quelconque formation scolaire, soit parce qu'il n'existait plus, soit parce que leurs parents ne pouvaient pas le leur payer. Elles sont les filles de pauvres ouvriers, de paysans ou de parents sans activité, car incapables de s'intégrer à une société, qui leur aura tout pris. Parfois, elles n'ont pas connu leurs parents – comme leurs enfants ne les auront pas connues; des enfants nés d'une relation avec leurs clients, qui ne connaîtront jamais leur père et qui sont élevés par leurs grands-parents (pauvres), car la mère n'a pas le temps de s'en occuper. Ou des enfants nés d'une ancienne relation, avant que leurs mères partent à la ville pour se prostituer.
Le documentaire est incroyablement riche en petites anecdotes de la vie, des origines des filles, du "relais" d'une vie fichue à leurs enfants, de leurs maladies, de leurs mésaventures avec des clients souvent impitoyables. Femmes abusées, mal payées, malmenées; jamais aucun rayon de soleil n'éclaire leur misérable petite vie.
Elles s'expriment souvent par métaphores pour ne pas se confronter directement à leur terrible destin: outre le magnifique titre original du film, elles disent "dégoupiller la grenade" (se débarrasser d'un premier client pour espérer en dégotter d'autres au cours de la soirée), "la chair et le sang donnés aux tigres" (le passage à tabac de nombreuses filles), "la poule n'est jamais au-dessous de l'oeuf" (leur soumission à la patronne).
Panh réussit une nouvelle fois à faire témoigner librement ces femmes maltraitées et souvent très honteuses de leur condition et il réussit à filmer quelques magnifiques plans pour découper leurs silhouettes meurtris sur fonds de paysages superbes. C'est finement observé, honnête et émotionnellement bouleversant.
A noter qu'un magnifique ouvrage écrit passé malheureusement assez inaperçu à sa sortie accompagne cet extraordinaire documentaire. Rithy Panh – l'un des plus grands cinéastes documentaristes de notre temps.


24 février 2008
par Bastian Meiresonne


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