Vijay again.
J’espérais de Drishyam 2 version Bollywood un meilleur niveau technique que l’original malayalam sorti directement sur Prime. J’ai eu ce que je voulais: quelques effets de style clinquants mais une palette technique plus variée faisant usage de focales longues et de steadicam et surtout une belle palette chromatique pour la photographie des scènes de nuit. J’ai eu aussi un personnage de flic à la poursuite de Vijay/DEVGAN à la gueule mémorable et au regard plein de perversité, donnant à un homme de loi l’attitude qui est souvent dans un blockbuster US la signature du méchant.
Et sinon, même si les Indiens du Sud préfèrent MOHANLAL dans le rôle, un Ajay DEVGAN à la barbe fournie rappelle qu’il est le plus charismatique des acteurs bollywoodiens en activité. Les références au népotisme supposé de l’industrie du cinéma indien font d’autant plus sourire dans le remake que c’est ce dont Bollywood fut accusé récemment. Et puis pour faire flotter l’empathie et rendre les chercheurs de vérité antipathiques montrer le flic corrompu GAITONDE gifler des personnages féminins pour leur faire cracher la vérité marche très bien. Ce qui fonctionne moins bien : 1) la vignette façon publicité avec musique dessus (mais ça reste moins pire qu'un passage comédie musicale). 2) le ralenti icônisant l’arrivée des personnages principaux qui passent moins que dans des films de genre indiens à l’approche plus hyperbolique. 3) la musique dramatique est de meilleure qualité que dans la version malayalam mais son côté envahissant passe mal. Et il y a ce truc involontairement comique qui fait se demander si les producteurs de Bollywood croient que les spectateurs voudraient qu’on leur resserve du Christopher NOLAN : les dialogues type Vous pensez que c’est la fin ? Mais non, ce n’est que le début. Chez NOLAN c’était déjà bien ridicule.
Sauf que le référence nolanienne éclaire aussi la série Drishyam et les twists tirés par les cheveux de fin du second volet : la série serait le portrait d’un père de famille qui, pour protéger sa fille, se transforme en criminel ayant toujours un coup d’avance sur tout le monde. Et si Vijay était un Joker version NOLAN avec lequel un flirt avec l’empathie était possible pour le spectateur ? La face noire d’un père désirant protéger femmes et enfants ?
PS: A noter que le premier volet a connu un remake chinois (Sheep Without a Shepherd). Idée tuant sur le papier toute possibilité de suspense vu qu'en Chine il est interdit de montrer un crime impuni.