Quelques grammes de fraicheur et d'originalité dans un monde de brutes
Véritable évènement lors de son passage à Cannes, La coupe retrace le quotidien de moines tibétains en exil dans un monastère en Inde, cassant au passage quelques idées reçues entretenues par Scorsese (Kundun) et Annaud (7 ans au Tibet).
Si les films occidentaux sur le Tibet préfèrent montrer le côté "philosophe orientale bouddhiste totalement épurée de toute pensée bassement matérialiste", ce film bhoutanais montre au contraire des moines qui dorment ou font les cons durant les prières, et qui sont attirés par les folies de l'Occident. Un comble! Et c'est ainsi que tout le monastère va se rassembler pour regarder la Finale de la Coupe du Monde de Football, soutenir Zizou et acclamer la victoire de la France (on apprend au passage, aux dires d'un gamin, que la France est le seul pays à soutenir ouvertement et sans concessions le Tibet. Ah bon?). Bref, La coupe, est un film rafraichissant, dépaysant, et malgré quelques maladresses, presque authentique.
partagé mais séduit
je m'explique: je suis partagé quant au discours du réalisateur (moine tibétain vivant au Bhoutan).
ses deux films ont le meme fond de morale bouddhiste, que certains jugeront comme du proselytisme ou plus béatement comme de la philosophie bouddhiste "pure" et harmonieuse. dans ses deux films, même si les protagonistes s'éloignent de la voie de bouddha, cela finit toujours en bonne et dûe forme, moralement j'entend. dans ce sens THE CUP est très politiquement correct. (d'un autre côté ce n'est pas étonnant de la part d'un moine, il allait pas faire dans l'extreme non plus).
d'autre part LA COUPE est un mélange de comédie (surtout) et de documentaire, le tout sur fond de discours politique en ce qui concerne le Tibet. à cela deux choses: d'une part j'applaudis car rares sont les films traitant du "problème" tibétain, mis à part KUNDUN et 7 ans au Tibet, ben je vois pas trop (en plus ils ne traitaient pas de la situation actuelle). et d'autre part ce discours pro-tibétain est assez maladroitement intégré, il nous sert quelques phrases de-ci de-là, mais j'ai trouvé ça ni impartial ( et ça peut se comprendre mais on a droit à:"le riz est la seule choses positive que la Chine a apporté au Tibet"), ni pertinent ("la France est le seul pays soutenant entièrement le Tibet", encore plus étonnant).
je veux pas trop rentrer dans les détails mais même si je comprend tout à fait le problème de cette communauté tibétaine de Dharamsala, son envie de voir perdurer leur culture et de revenir au pays, je trouve que les idées véhiculées par le réalisateur ne sont pas très judicieusement formulées. bref le fond politique et religieux ne m'a pas totalement convaincu malgré ma sympathie pour cette cause.
en ce qui concerne la couche plus superficielle, c'est à dire la comédie, elle est surtout dûe au décalage entre la religion, l'environnement du monastère, et le désir des jeunes moines qui se tourne plus vers l'occident (à travers le foot, le progrès comme la télé) et bien sûr qui ne sont pas plus sérieux qu'une école ou qu'un internat tel qu'on peut en trouver partout. ça ne provoque pas de fous rires mais c'est assez sympathique et jovial. le côté documentaire est intéressant car on apprend mine de rien des choses (la perception fausse qu'on les jeunes moines nés en Inde sur le Tibet:" ici on n'est pas au Tibet, on ne prend pas un bain une seule fois dans sa vie, on se lave tous les jours").
pour résumer ce film mérite d'être vu, sa vision est agréable, même si le réalisateur ne parvient pas à faire vraiment mouche sur tous les fronts abordés. à noter que son 2ème film, VOYAGEURS ET MAGICIENS, dans le meme registre, se regarde tout aussi bien.
drôle et assez politiquement incorrect pour valoir le coup