Elise | 2 | Belle ascension, mais se casse les ailes en vol. |
Choisir de raconter l'histoire de la première coréenne aviateur, c'est se couper les jambes avant le départ. Cela tient juste de l'envie de raconter le "premier" quelque chose, indépendamment de l'intérêt réel de l'histoire à adapter, où même indépendamment de l'histoire tout simplement. Un précurseur, c'est toujours bien d'en parler, mais au moins il faudrait en parler comme il faut. Cette femme, Park Kyoung-Won, pour en arriver à entrer dans une école d'aviation japonaise, et surtout être sélectionnée pour représenter son école lors d'un tournoi, devait être sacrément pro-japonaise, car dans le cas contraire, la confiance qu'un japonais peut accorder à un coréen lambda dans les années 20, est très proche du néant. Mais bizarrement, rien ne ressort de sa position dans le conflit ; bien sûr on nous dit vaguement qu'elle a trimé quatre ans pour rentrer dans l'école, mais pas pour avoir la reconnaissance des japonais, juste pour obtenir assez d'argent pour payer ses cours (ce qui est difficile bien sûr). Pour ceux qui ont vu Fighter in the Wind, c'est le même principe, puisque le personnage au début, veut entrer dans l'aviation japonais, mais n'y arrive jamais, et pourtant il est pro-japonais, mais il se fait traiter comme un coréen jusqu'au bout. Le passage intéressant politiquement qui ressort du film, c'est l'attentat par un membre d'un groupe de rébellion coréen contre des officiels japonais ; malheureusement, cet attentat est détourné pour alimenter l'aspect dramatique de l'histoire plutôt que le coté politique.
Justement, coté drame, c'est franchement fouareux. A la fin du film, on a droit à la petite phrase disant en gros : "certains aspects du film ont volontairement été dramatisé pour satisfaire l'intérêt du scénario". Sans blague. Je suis partagé entre l'idée que le réalisateur a choisi d'être honnête, et celle qu'il insulte mon intelligence. Vu la déchéance lacrymale de la fin, je penche dangereusement vers la deuxième sollution. Le gros problème encore de ce film, est que les actrices ont un très gros problème de crédibilité dramatique. J'aime beaucoup Jang Jin-Yeong, qui est éblouissante dans Sorum, ou encore dans ses comédies romantiques, mais là, elle a beau hurler de tristesse et de désespoir, non seulement mes larmes ne veulent pas sortir, mais les siennes non plus.
Bon on ne va pas allumer totalement cette histoire, il faut tout de même reconnaître une chose, c'est que les scènes aériennes sont très bien réalisée, et très jolies. Esthétiquement, les images de synthèses manquant de précision sont tout de même très jolies et les plans surperposés se mélangent bien aux prises de vues réelles, donnant un très beau résultat.
Il est vraiment très dommage de voir comment, après un début émouvant, une première partie qui va crescendo jusqu'à une scène aérienne splendide, le film se dégrade progressivement vers un aspect dramatique dénué d'intérêt qui évapore la dimension politique, et gâche le potentiel annoncé. On peut dire qu'après un beau spectacle, une telle chute est difficile.