La guerre des maux
Ce documentaire tourné en coproduction avec France 3 préfigure déjà les futurs chefs-d'œuvre de Rithy Panh sur son travail de la Mémoire Cambodgienne. Il débute ainsi son film à la prison de Tuol Sleng, autrement dit le centre de détention S-21 au cœur de Phnom Penh, où plus de 22.000 personnes y ont laissé la vie…et seulement sept survivants ont été recensés.
On y découvre également déjà le travail du peintre Van Nath, dont les tableaux à la fois simples et précis provoquent toujours ce même frisson glacé de l'horreur de la situation.
L'ensemble des témoignages sont hyper émouvants et amènent tous irrémédiablement à un seul et même constat: soldats (souvent incorporés de force), comme gens du peuple, tout le monde y aura perdu.
On mesure franchement très, très mal toute l'horreur et l'étendue de ce conflit, qui continue encore à faire des ravages aujourd'hui plus de 30 ans plus tard. Le Cambodge est toujours un pays en pleine reconstruction, où la disparition des nombreux intellectuels et – surtout – le profond traumatisme des parents aura donné naissance à une jeune génération à la fois hyper-dynamique, mais aussi en plein désarroi…Et puis, surtout, il y a cette terrible évidence, qui rend toute reconstruction quasi impossible: le manque de confiance total en son prochain, dû essentiellement à l'incroyable soulèvement d'un peuple dressé contre lui-même et qui est allé jusqu'à tuer proches et familles par la seule manipulation d'une poignée d'hommes…
Une fois de plus, le travail d'un homme comme Rithy Panh est in-esti-mable et des documentaires tel que celui devrait être obligatoire dans tous les bons cours d'Historie de ce pays.
