Ravioles frivoles
"Bloody Buns" est en fait le remake d'un "classique" de la Cat. III, "Untold Story"; sauf qu'il ne s'agit que d'une version direct-to-video extrêmement cheap sans le talent d'Herman Yau et le génie de l'ancien acteur principal Anthony Wong.
Au moins, le réalisateur Tien Jun semble avoir compris que pour faire le succès d'une bonne Cat. III, il faut insuffler un semblant de brin de folie pour contrebalancer le graveleux de son sujet; dès la séquence d'ouverture, le spectateur est ainsi confronté à une bande de policiers tout sauf capables, supervisés par leur supérieur, qui ne se pointe jamais sans sa femme ultra-bandante. Difficile d'apporter le moindre crédit à cette bande de pieds-nickelés, ni de pouvoir s'identifier à aucun de ces acteurs cabotins. Focus sur le fameux restaurateur tueur, interprété par un Hugo Ng tout juste échappé de sa "remarquable" prestation dans "There is a secret in my soup". Bien qu'il apporte une touche d'inquiétude à son personnage, jamais il ne réussit à faire oubleir l'excellente prestation d'Anthony Wong dans "Untold Story". Il faut dire aussi, qu'il dispose de bien moins de reparti dans des scènes simplement emballées et exécutées, ni d'un budget suffisant pour oublier une seule seconde que les membres découpés (coupés avec très peu d'élan et souvent portés bien à côté) ne soient pas en plastique mou. A noter également, que le film manque carrément de gore: juste quatre scènes de meurtre, dont on ne voit finalement que très peu à l'écran – et notamment la scène du massacre familial rapidement expédié en toute fin du métrage.
En fait, le gros du métrage (toute la partie intermédiaire) se focalise sur la maltraitance de Wong en prison, puis au commissariat durant des interrogatoires assez musclés. Il est vrai que depuis les polars des années 1990 et la représentation pas toujours très tendre des forces de l'ordre, on avait failli oublier les interventions musclées de la police; là, on assiste à des traitements très limites du principal "suspect" pour tenter de lui soutirer la vérité. Wong Chi-Hung résiste d'ailleurs tellement, que l'on commence à se demander comment il va finalement cracher le morceau – ce sera fait en quelques secondes par un procédé tout sauf réaliste, réussissant à parachever le film dans un ridicule sans nom. Se rappelant sans doute, qu'il n'y ait plus eu une seule scène gore depuis une bonne heure, le réalisateur se dépêche de caler le massacre familial en toute fin du métrage…mais, comme évoqué auparavant, ce sera là encore rapidement expédié.
Un film sans aucun intérêt, si ce n'est que de donner "envie" de se re-taper le fameux "Untold Story" pour l'occasion.
