Mobilisation immobilisée
"The bridge" est adapté d'un fait divers réel survenu à Hong Kong durant les années 1970: le gouvernement avait décidé la destruction d'un pont menant depuis des bidonvilles à la grande ville sous prétexte d'une amélioration de l'habitant, en réalité bien évidemment pour obliger les habitants à abandonner les terrains désormais coupés de la ville, afin de pouvoir récupérer les terrains pour d'importants projets immobiliers.
Lorsque le projet lui est proposé, Ann Hui hésite longuement entre celui-ci et celui concernant une manifestation importante d'une école…Elle dit regretter depuis aujourd'hui avoir choisi ce thème, alors que sa réalisation est tout simplement grandiose, servant par la même d'important témoignage d'une époque résolument évolue. Non seulement le quartier, où a été tourné ce documentaire n'existe plus aujourd'hui et même les environs ont changés en profondeur, mais en plus l'approche documentariste en fait un vrai témoignage. La reconstitution est saisissante avec nombre de figurants directement recrutés sur place, qui s'en donnent à cœur joie dans la reconstituions méticuleuse des événements.
Comme pôle identificateur, Hui choisit un anglais, calqué sur le personnage réel d'un journaliste anglais, qui avait pris partie des habitants du quartier, avait diffusé des pamphlets assez virulents à la radio HK de l'époque et qui s'était vu exclu du territoire HK à la fin de son visa…Là encore, il est tout simplement incroyable, que Hui ait pu relayer un tel épisode à la télévision de l'époque à une heure de grande écoute.
Un combat perdu d'avance, dans le plus pur style des docudrames anglais (on pense notamment à un cinéma engagé de Ken Loach) avec une surprenante visite des "HLM" de l'époque en toute fin du métrage, qui laisse un arrière-goût à la fois amusé et amer dans la bouche du spectateur. L'un des tous meilleurs Ann Hui de la période TV.