Bel effort
Ce film a le mérite de se détacher de la production des comédies romantiques hongkongaises. D'abord grace à un scénario moins naïf qu'à l'accoutumé, on se prendrait même à croire que le happy-end final ne sera pas au rendez-vous. Ensuite par la qualité de sa réalisation qui ose prendre son temps, qui permet aux deux personnages principaux d'être réellement développés, qui ose les moments creux comme partie intégrante de l'histoire et de la vie. Cette volonté de ne pas faire un film au rabais simplement vendu sur la réputation de ses acteurs, devrait suffir à racheter les points faibles du film. Si l'on ajoute un Aaron Kowk qui s'impose dans sa sobriété (les passages où il est au micro relèvent d'une belle performance d'acteur), une Kelly Chen qui trouve là un rôle correspondant à ses capacités d'actrice, le plaisir de retrouver Teresa Mo qui débutait avec ce film la seconde partie de sa carrière après plusiurs années d'absence, on se retrouve avec un film certes simple mais suffisament exigeant envers lui-même pour nous fournir un spectacle romantique de qualité.
A noter le cameo de Leslie Cheung vers la fin du film vraisemblablement à la demande d'Eric Tsang quand on connaît le respect que les deux hommes avaient l'un pour l'autre.
And I Hate You So ...
Décidemment chaque film qui porte le "label" UFO est un vrai ufo dans le paysage cinématographique hong-kongais et garant de qualité. Après les ovnis que sont Anna Magdalena (1998) et Metade Fumaca (1999) l'équipe d'Eric Tsang et Peter Chan remet le couvert avec And I Hate You So en 2000 ; à priori calqué sur le succès des comédies romantiques de l'époque, le film est en fait bien plus qu'une simple comédie photocopie (pas le genre d'UFO de toute façon) grâce en partie à un scénario bien ficelé, de bons dialogues et à une gallerie de personnages développés et attachants.
Dans toute comédie romantique, il y a deux personnes et une histoire d'amour (et c'est bien normal), ici c'est Kelly Chen/Aaron Kwok (leur 3eme collaboration), la première écrivain et le second animateur radio qui sont amenés à se "clasher" bien méchamment (Aaron a acheté le vynil que l'ex de Kelly a revendu et se moque d'elle dans son émission). Les deux pop-stars donnent vraiment de très bonnes performances, Aaron Kwok est très à l'aise dans ce registre (tout comme il l'était déja dans Anna Magdalena), Kelly Chen très convaincante malgré sa relative inexpressivité habituelle. Et là où And I Hate You So fait aussi la différence, c'est au niveau des personnages autour de Kelly et Aaron, c'est à dire Eric Tsang (the boss), Teresa Mo, Cheung Tat-Ming, Julian Cheung (Leslie Cheung est méconnaissable justement parce que ce n'est pas lui) dans la dernière demi-heure et surtout Mo Mo le bouledogue.
Tout est bon dans And I Hate You So et, à mon sens, le film peut de façon légitime revendiquer la première place au podium des comédies romantiques hk avec le Needing You de Johnnie To.
Sympa, mais vain. Donc euuh vain; mais sympa.
Une chose à préciser: j'ai fait l'acquisition de ce film parce que je me suis mis dans la tête, un beau soir d'été, de finir par avoir tous les films de Kelly Chen un jour ou l'autre.
"And I Hate You So" la flanque de Aaron Kwok, la chose ayant comme un arrière-goût de Bach; et c'est tant mieux, puisque l'acteur gosse beau écope du même rôle que dans "Anna Magdalena" (en un peu moins inconséquent, soit une putain de variante de son personnage), et ce rôle là, il le joue très bien. Et c'est encore tant mieux puisqu'ensembles, on devine l'alchimie communicative des deux stars. Et c'est tant pis parce que les deux films sont réalisés par le même metteur en scène, pas très adroit, dont je causerai plus tard.
Je dis "devine" puisqu'on en profite qu'un minimum, un peu à la manière de "Anna...", le film bénéficiant de l'habituelle écriture jolie mais bâclée des comédies romantiques made in HK; et là est le fun, lorsqu'on réalise que tandis que dans le cinéma américain on a l'emballage mais aucune âme, dans le cinéma HK... on a l'âme, mais un moindre emballage, surtout lorsque le réalisateur se nomme Chung-Man Hai. Ou: l'unique vraie problème de HK, enfilant prod sur prod comme on bouffe des nouilles.
Du coup, si je ne trouve toujours aucun superlatif faisant honneur à Kelly Chen, si Aaron Kwok est ben peinard en macho grande gueule au grand coeur, que les seconds couteaux assurent toujours le minimum syndical de leurs simples personnalités, et qu'on a le droit à de très sympathiques trucs (voir de très jolies séquences parfois), on se dit qu'avec un poil plus de thunes, un vrai réalisateur derrière ça, et plus de travail sur le scénario, ça aurait pu donner un très bon film.
Mais voilà: c'est filmé plan-plan, comme la BO est composée plan-plan, et le scénario, n'arrivant visiblement pas à développer ni ses persos (bons) ni son intrigue (pas mauvaise - aucune intrigue de base n'est mauvaise), part en vrille et comble les trous avec une intrigue secondaire mêtant en scène un gros comique et une vieille fille dissertant sur les mystères de l'amour.
Bon, d'accord, le gros comique se nomme Eric Tsang et la vieille fille Teresa Mo, mais leurs dialogues sont d'une telle platitude que ça ne passe quand même pas.
Et ce n'est pas Leslie Cheung, méconaissable, qui sauverait le bateau de la morosité visuelle si Kelly Chen et Kwok ne faisaient pas leur show. Du coup, ça passe... et pour peu qu'on aime bien ce genre de films, comme moi, ça passe assez bien quand même.
Donc à voir... le coeur bardé de tolérance, sans avoir vu de film de Benton, WKW ou Allen avant, bien entendu :)