LIVE/DEATH
"American Zombie" est intéressant à plus d'un titre: non seulement est-il le dernier projet en date de l'excellente artiste indépendante Grace Lee (américaine d'origine coréenne), élue l'une des 25 personnalités indépendantes les plus intéressantes à surveiller" dans les années à venir par le magazine "Variety"; mais en plus représente-t-il la première incursion d'un studio de production coréenne (IHQ) dans la production d'un projet 100% étranger - avec leur ferme volonté de financer d'autres projets dans un proche avenir.
Une nouvelle étape dans l'extraordinaire développement de l'industrie cinématographique coréenne.
Au-delà de cet aspect purement commercial, "American Zombie" est un très bon petit délire. Faux documentaire, Grace Lee et sa co-scénariste Rebecca Sonnenshine réussissent pourtant à déborder d'imagination sur l'idée assez jouissive, comme quoi des morts-vivants pourraient vivre parmi nous. Soit Judy, à la recherche du parfait amour; Ivan, le caissier de nuit d'un supermarché se rêvant éditeur de livres; la fleuriste Lisa à la recherche de ses souvenirs passés perdus et Joel, un activiste engagé pour les droits des zombis. Une ribambelle de personnages filmés dans leur quotidien extraordinairement banal. Alros que Grace Lee (dans son propre rôle) s'attache davantage à la personnalité de chacun d'entre eux, John Solomon cherche le "scoop", en passant notamment au peigne fin le frigo des différents personnages, à la recherche de quelque chair humaine. Qu'il ne trouvera pas, entre les conservateurs nécessaires à prévenir la décomposition des morts-vivants et les bouteilles de soja pour se donner "une fausse apparence" aux yeux des humains.
Des nombreux témoignages de physiciens, historiens, médecins et spécialistes de "zombis" apportent des points de vue si convaincants, qu'on finirait presque par y croire.
En fait, tout le film déborde d'une grande imagination, qui fait que l'idée de départ finalement assez mince ne finit jamais par s'épuiser. Le documentaire est parfaitement rythmé et tourne même au vrai film d'horreur dans sa dernière bobine, en suivant l'équipe au "Live Dead" - Festival, ressemblant tout d'abord à une mini-rave organisée entre potes avant de prendre une tournure un peu plus glauque et amorcer une fin plus gore.
Allégorie de beaucoup de choses, la double-lecture permet également au documentaire de gagner en profondeur et d'assurer la réussite autant divertissante, qu'artistique.