Même si je ne suis pas un fanatique de Tezuka et de son style de dessin très particulier, je doit dire que j'ai été ravi par Metropolis. Tout d'abord le scénario fait montre d'une véritable réflexion sur les problèmes de société que sont l'acceptance des autres ou encore les limites jusqu'auxquelles les hommes vont et finissent inévitablement par dépasser. Notamment vis-à-vis de la nature ou en ce qui concerne les machines toujours plus perfectionnées.
Sur le plan graphique et technique, on ne peut vraiment rien reprocher du tout au studio de production et à Rin Taro. Les images de synthèse en 3D et les planches en 2D s'enchaînent avec harmonie au plus grand plaisir des yeux. Et je ne dis rien de la musique…
Au final un vrai chef d’œuvre aussi bien visuel que sonore.
Tout est beau dans ce film, visuellement parlant, à part la 3D qui décidément n'est pas le point fort des asiatiques (au cinéma). On retrouve incontestablement la patte de Toriyama ainsi que celle du créateur d'astroboy pour les personnages, un pur bonheur. L'histoire est très belle mais sans surprise et parfois longuée, comme si le film voulait être aussi long qu'akira sans avoir autant à dire.
Une chose est sûre, les décors peints sont d'une beauté à couper le souffle et tout ce qui n'est pas 3D est d'une beauté presque sans précédent. Mais il manque quelque chose, cette même chose qui fait la magie du voyage de Chihiro et des autres films Ghibli, une imagination sans limite qui n'existe pas dans Metropolis. Le côté technique me semble avoir pris le dessus sur la magie de l'histoire et c'est ce qui gâche un peu voir beaucoup le plaisir.
Un animé correct (pour l'histoire), voir un grand animé (pour le visuel), mais qui ne dépasse certainement pas les limites atteintes avec akira, GITS, Chihiro, mononoké et d'autres encore. L'intensité de l'histoire manque vraiment pour équilibrer avec une débauche technique inégalée. Et c'est vrai que la musique n'est pas dans le ton : à aucun moment, je n'ai été réellement transporté, dommage.
Métropolis est un film d'animation bizarre. Si Rintaro place son action dans une ville futuriste imaginaire qu'on ne saurait situer sur une carte, il y intègre également des décors flashys un peu rétros (et un peu ringards il faut bien le dire), des personnages aux traits surprenants pour un novice (un gros détective à l'œil vitreux, croisement entre Hercule Poirot et l'Inspecteur Gadget, une petite fille qui ressemble à Candy, ou encore un apprenti-dictateur au nez gigantesque), ainsi qu'une musique Jazz se rapprochant bien plus d'un film de Woody Allen que de Dark City. Ces choix artistiques dérangent car ils rendent l'ensemble bancal : les incroyables animations de synthèse révolutionnaires entrent ainsi en conflit avec l'animation très années 80 des personnages, la musique est parfois inappropriée à l'action et provoque une ambiguïté gênante (j'y reviendrai par la suite), et les trop nombreuses références (Akira, Ghost in the Shell, Fight Club, et bien sûr le Métropolis de Fritz Lang) font s'interroger sur la réelle innovation du film.
A l'évidence, les reproches formulés ci-dessus gâchent le spectacle : si belles soient les images, aucune émotion ne transparaît jamais, aucun personnage n'est attachant. Pire, on se demande même si Rintaro n'est pas en train d'emballer dans un joli papier cadeau une morale simpliste - même si biblique, cf. la tour de Babel - consistant à vouloir anéantir par la force toute entreprise humaine par trop prétentieuse. Sentiment renforcé à la vue de la scène finale ; les buildings s'écroulent un à un tandis que Ray Charles gueule à nos oreilles " I can't stop loving you ", un morceau plutôt gai et entraînant, et que des colombes symboles de paix survolent les décombres. Un tel décalage amène forcément à se poser des questions sur un propos pour le moins ambiguë, où l'on semble encourager la destruction massive comme thérapie de groupe.
En résumé, malgré la technique numérique ahurissante employée ici, l'intrigue développée par Rintaro ne décolle finalement jamais, faute à des tentatives artistiques osées mais parfois paradoxales et souvent difficilement justifiables.
Metropolis est un film qui marque, sans aucun doute. L'intrigue est incroyablement riche, incroyablement profonde et complexe... Comment aurait-il d'ailleurs pu en être autrement avec au scénario Otomo Katsuhiro sur une histoire originale de Tezuka Osamu ? Une histoire à la hauteur de ces géniteurs, qu'il faut voir et re-voir pour saisir dans toute sa complexité et sa richesse.
Du côté des graphismes, mon avis est plus partagé.
D'une part des scènes éblouissantes, d'une telle beauté qu'il faut bien se demander si un tel niveau a déjà été atteint. Je pense en particulier à la richesse d'expression de certains visages, mais aussi à la scène mémorable de Tima beignée dans la lumière. Enfin les mouvements de "caméras" sont impressionant. Quant à la BO, typée Jazz... Inutile d'en rajouter ! Tout simplement incroyable et très bien choisi.
Mais chaque médaille a son revers. Ainsi, à côté de ces scènes mémorables, on trouve tout de même des scènes à l'intégration 2D/3D râtée. Le décalage crève les yeux, et donne des plans vraiment laid.
Toujours est il que les stations computer graphics ont chauffé, pour donner des scènes d'une beauté quasi inégalées, et d'autres très discutables.
Bref, une histoire qui à elle seule vaut le détour, des images le plus souvent magnifiques (pour peu que l'on ne déteste pas le chara-design à la Tezuka, mais de toute façon personne ne résistera à Tima...), mais tantôt beaucoup moins réussies. A ne pas manquer, la perfection est de toute façon difficile à atteindre...
Parfois, à la fin d'un film, on a l'impression de s'être pris une claque, que l'on n'a jamais vu un truc pareil et qu'il est difficilement imaginable que quelqu'un puisse être à l'origine d'un tel exploit. Et bien c'est ce que j'ai ressenti à la fin de Metropolis.
Pourtant le sujet n'est pas vraiment neuf. J'avais déjà vu le Metropolis de Fritz Lang et quand on lit l'accroche de cette version, on est vite tenté de dire que c'est un remake. Même les premières images y font penser avec ces immeubles monolithiques. Mais la comparaison s'arrête vite et laisse la place à un émerveillement visuel permanent.
Au premier abord, certains seront sûrement rebutés par le design des personnages qui est typique d'Osamu Tezuka. J'en connais qui n'aiment pas. Pour ma part, ayant lu pas mal de mangas du maître, j'avais déjà l'habitude de ses dessins et je dois dire que dans ce cadre si futuriste, ils donnent une étrange impression d'intemporalité. Sans doute parce que Tezuka n'avait jamais eu des décors aussi travaillés et complexes pour meubler ses arrière-plans. Le résultat est très réussi en tout cas. Et ce dont je suis sûre, c'est que beaucoup ne résisteront pas à la jolie frimousse de la petite Tima. Cet ange blond tout en lumière qui éclaire la noirceur du film avec son innocence et sa beauté. Pourtant, c'est sur cet être que repose toute la philosophie du film. Elle qui est l'arme à double tranchant pour la ville de Metropolis. Car elle est avant tout une intelligence artificielle laissée quelque peu en liberté et qui n'est pas si simple à manipuler. Elle qui devra être défigurée autant physiquement qu'humainement pour pouvoir accomplir son destin... mais je n'en dirai pas plus.
Ce scénario d'anticipation ne serait rien sans un décor adéquat. Et là il y a de quoi être époustouflé par la maîtrise complète de l'intégration de la 3D dans la 2D. On touche à la perfection car même si l'on sait que les images sont retouchées par ordinateur, il est bien plus difficile d'arriver à dire exactement ou se trouve la limite à l'écran. Le tout étant accompagné par des mouvements de travelling saisissants de fluidité et d'envergure avec ces immeubles gigantesques qui constituent la partie émergée de la ville. Le monde sous-terrain du petit peuple est, quant à lui, plus anarchique dans son organisation spatiale mais les couleurs y prennent alors vraiment vie et sont souvent mises en contraste avec les couleurs plus froides de la surface. Mais quelque soit le niveau, les plans ont toujours une très grande profondeur. Tout paraît tellement gigantesque.
Un dernier mot sur la BO qui accompagne le film. La plupart des morceaux étant issus du Dixieland Jazz, cela rend le film encore plus indéfinissable dans le temps. On a l'impression d'être revenu au début du siècle aux Etats-Unis et pourtant quelle merveille ! Ça faisait longtemps que je n'avais pas entendu quelque chose d'aussi original et travaillé. Le tout étant entrecoupé de morceaux plus classiques ou plus déjantés au choix mais toujours en adéquation parfaite avec les scènes.
Pour conclure, que pourrais-je ajouter d'autre à part que, à mes yeux, ce film est un enchantement, un pur moment de beauté basé sur un scénario d'une grande intelligence. Et n'ayons pas peur des mots, c'est également un chef d'œuvre. Je ne pourrais que conseiller la vision de ce film à tout le monde.