visiteur | note |
Black_pantha | 2.75 |
Chang La Rage | 5 |
Fred30 | 4 |
jeff_strike | 3 |
Jérémy | 3.75 |
Jonathan-Asia | 4.25 |
Manolo | 2.5 |
Phildu62 | 3.5 |
Sauzer | 3.25 |
Est-ce qu'une personne en pleine possession de ses moyens psychiques verrait en Firestorm une oeuvre cinématographique flamboyante, prouvant que le cinéma de Hong Kong parvient à produire des blockbusters aux standards internationaux et à l'écriture intelligente? Et oui ,c'est une question sérieuse, parce qu'il y en a qui s'inquiètent encore de la visibilité de ce cinéma.
Je me rappelle il y a quelques années, quand c'était une fierté d'être fan de cinéma hk, au point qu'on crachait sur tout ce qui était différent. Fini tout ça aujourd'hui! La moitié voire plus de ceux qui se disaient passionnés ont même oublié ce qu'était que l'anticipation fiévreuse de la nouvelle pépite d'action, les fourmis dans les mains avant d'insérer la galette dans le lecteur de dvd, et l'euphorie en voyant les dizaines de logo de production précédant le début du film.
Aujourd'hui, tout ce qui compte, c'est facebook et twitter, et d'être cool avec des selfies! Et l'espace de quelques instants, j'ai cru que ce Firestorm allait si'nsérer dans cette mode, avec ces sms en relief! Mais qu'est-ce que c'est que ça encore? A-t-on vraiment besoin de ce genre d'artifices? Un film doit-il reposer réellement sur les apparences, ou bien doit-il aller en profondeur, et se proposer d'étudier ses personnages? Car c'est bien là l'essence de ce firestorm! Peut être qu'andy Lau ne fait pas de selfies, mais il plonge au plus profond de lui-même pour découvrir ce qui se cache de plus sombre, obligeant le spectateur à s'interroger sur la nature de l'héroïsme, et sur les limites qu'il est prêt à accepter avant de ne plus ressentir pour le héros et son combat. Mais peut-on réellement employer ce terme dans le monde moralement gris de Firestorm? Il me semble que ça serait ABUSIF! LEs protagonistes font des choix, et tout peut être discuté, mais finalement, et c'est bien là ce qui compte A MON AVIS, on peut ressentir de l'empathie pour eux et les comprendre. MAIS ATTENTION, faire preuve d'empathie, ce n'est pas accepter, c'est manifester la capacité à distinguer les sentiments de la personne, au point d'être apte à les restituer ("11 mots pour l'entretien", Benjamin Jacobi - 2007, édition Eres, 1ère édition 1995).
Or, pour avoir discuté avec certaines personnes (dont je tairai le nom), j'accuse certains de caricaturer le contenu du scénario pour accabler gratuitement l'ensemble de la production HK! Quand j'entends des commentaires comme "j'ai bien entendu que les méchants parlaient parfois en mandarin", je ne peux que m'offusquer. Cette tentative manichéenne de faire de cette oeuvre une série B où tout est tout noir ou tout blanc n'est pas fidèle à l'esprit du film. De plus, il s'agit d'un argument fallacieux, dans la mesure où la petite amie de Bong s'exprime également par moments en mandarin. Je suis navré, mais considérer qu'elle fait partie des méchants est une preuve évidente qu'on n'a pas compris l'histoire! Au contraire, l'arc narratif de Bong repose entièrement sur ses intéractions avec sa petite-amie, et sur la façon dont elle parvient à le décentrer de ses aspirations premières, en lui permettant de se projeter dans une fonction, celle de père. En outre, la façon dont elle tente de repousser le mauvais sort montre que malgré ses limites intellectuelles, elle tente sincèrement de lui venir en aide. Bien sûr, on pourra reprocher le fait qu'elle veuille le changer, et donc questionner la nature de son amour (elle semble en effet un peu coeur d'artichaut et prompte à changer d'avis facilement à ce sujet). Car si vraiment Bong changeait, il ne serait plus l'homme qu'elle a rencontré, or c'est bien de ce dernier qu'elle rpétend être tombée amoureuse, alors où est le sens dans tout ça? Cela dit, même si elle est superstitieuse et un peu manipulatrice, voire menteuse (en effet, on peut estimer qu'elle se ment au moins à elle-même), elle n'en reste pas moins la seule personne qui croit en Bong. Je me rends compte qu'hormis ce dernier, elle ne parle qu'au médecin pendant tout le film. Et comme on peut estimer qu'il est question de faux semblants, je me demande si ce personnage n'est pas une hallucination ou victime d'hallucinations. En tout ça remet en perspective le film.
Ainsi, le personnage de Bong possède un arc narratif classique mais efficace, passant du statut de petit escroc égoïste à celui de figure tragique, amplifié par l'interprétation fiévreuse de Gordon Lam. En outre, il est celui par qui Lui, le personnage d'Andy Lau trouvera une forme de rédemption. Et c'est là que les choses deviennent intéressanters. Parce qu'en fin de compte, avec un rythme aussi endiablé, on se dit que les personnages n'existent pas vraiment, et qu'ils ne sont que des corps qui véhiculent le mouvement. Mais ça serait un jugement trop hâtif! L'introduction semble réellement gratuite à priori, mais elle permettra d'apporter de la pronfondeur dans les relations entre les personnages. Et une fois que le juste, le vertueux, l'adorable Lui sera responsable de la tragédie, il découvrira et nous montrera son vrai visage. Jusqu'où est-il prêt à aller? Est-il un hypocrite? A-t-il seulement cru un jour à ses beaux discours? Dans un film qui prône les droits de l'homme et dénonce la peine de mort, on court en effet le risque de verser dans la moralisation outrancière. Mais contre toute attente, il n'y aura pas de happy ending tout beau tout propre où la morale est sauve. Lui trouvera une forme de rédemption ( SPOILERRRRRRRR!!!!!!), mais n'a-t-il pas déjà perdu son humanité avec son jusqu'au-boutisme?
Car Firestorm est un film parfois naïf, pas toujorus maîtrisé, mais qui sait ce qu'il veut, et qui se donne les moyens d'atteindre ses objectifs. La dramaturgie n'est pas toujours exemplaire, la narration pas toujours fluide, et les effets sont souvent gros (surtout les effets spéciaux). ET ALORS? En tout cas on est pris aux tripes et on s'interroge en même temps. Que faire? Que penser? qui aimer? Mais je ne sais plus bon sang! Et même si le changement impromptu et franchement maladroit de boss de fin déssert l'intrigue, l'intensité dramatique reste prégnante, grâce à un Andy Lau habité dans un rôle de plus en plus ambigu.
Le fait que le rythme soit aussi élevé promet une expérience éprouvante. En outre, Chin Ka-Lok prouve une fois de plus qu'il est le spécialiste des affrontements urbains chaotiques. Plusieurs morceaux d'anthologie jalonnent le film, mais c'est bien le final ultra nerveux en pleines rues qui remporte l'adhésion. Très long et très intense, il permet de finir sur les chapeaux de roue. On pense immédiatement à OCTB ou à Heat, donc ce Firestorm tente d'être le pendant Hong Kongais, même si la maîtrise ne lui permet pas de se comparer au film de Mann.
Reste que Firestorm est un film énergique, bordélique aussi, bourré d'idées et de bonnes intentions, éprouvant pour ses personnages et pour le spectateur, qui en ressort plein de questions, et les yeux pleins d'étoiles, grâce à des plans magnifiques de Hong Kong. Car le réalisateur témoigne d'un véritable amour pour la ville, et nous plonge de façon admirable dans ses rues, et nous montre l'élégance de son architecture, en opposition à la plongée dans les bas fonds de Long Arm Of The Law.
Pour peu qu'on s'autorise à retrouver l'innocence des premiers émois avec le cinema de Hong Kong au lieu de jouer les blasés, on trouvera dans Firestorm un divertissement fort sympathique, qui évoque par son jusqu'auboutisme la folie d'un fatal termination. alors REGARDEZ LE!