Démarche imparfaite
Louable, certes, mais il n'empêche que Gordon Chan s'est loupé. L'histoire nous ballade, nous perd dans ses enjeux, ses faux évènements. A l'arrivée, l'impression de vide demeure. L'attrait du cinéma est de divertir, on ne peut pas cracher sur cette intention impunément. Dès lors il aurait fallu réussir des scènes d'action, maîtriser certaines tensions même si l'idée voulait qu'on les étouffa à terme. Ca n'est pas le cas. Reste qu'il est plaisant de voir tous ces hommes agissant autour d'une belle femme, enrichissant des actions juste pour rester dans ses parages ; et il est aussi très futé de nous montrer cette même femme se croire dans un monde qui n'est pas celui que l'on croit, s'inventer une vie et des intérêts qui n'existent que parce que quelques hommes entretiennent son quotidien. Ce qu'elle se refuse un peu à voir... Au personnage d'Antony Wong de tirer sa petite épingle de ce petit jeu, une petite meule de foin s'embrasant quelques secondes avant de s'éteindre aussitôt. Les héros du quotidien sont ennuyeux, c'est là le paradoxe de toute une vie. Et celui de ce film.
Un thriller très (trop) anticommercial
Critique non spoileuse:
Pour vraiment profiter d'A1, il faut le voir sans lire de critique. Gordon Chan est loin d'être un mauvais réalisateur et scénariste, et le casting devrait suffir à vous convaincre. A1 est un thriller lent basé essentiellement sur les personnages et le thème de l'information. Le casting fait du bon travail, que ce soit Anthony Wong, Tony Leung ou même Edison Chen. Gordon Chan construit un scénario plus intelligent qu'il n'y paraît et sûrement plus malin que ce que la majorité des critiques vous en dira. Tentez donc l'expérience et lisez la critique suivante ensuite afin de pouvoir comparer les points de vue.
ATTENTION, CRITIQUE SPOILEUSE
Sortant d'A1, avec son réalisateur dont on attendait le retour, avec son casting de stars, son récit plutôt bien mené même si assez lentement, on est immédiatement déçu. Déçu parce qu'à quoi nous a mené ce thriller? A rien en gros. Tout ça pour ça donc? Sauf qu'en y repensant un peu, on en vient à deux conclusions possibles: tout cela était voulu et faussement spectaculaire à dessein, ou bien vraiment râté. Et Tony Leung Ka-Fai, Anthony Wong, Angelica Lee qui signent tous pour un scénario au final complètement râté, ça ne vous paraît pas un peu gros quand même? Vérifions, non, ils ne sont pas sous contrat avec ce studio... Reste alors la première conclusion et surtout une constatation un peu alarmante: j'ai le cerveau formaté par tous ces films à formules, ces thrillers conduisant évidemment à une solution étonnante que tout bon spectateur s'est évertué à chercher pendant tout le film. Et pour une fois qu'on nous présente un film franchement anti-commercial et anti-formule, j'ai failli le trouver mauvais? Pauvre de moi...
Il faut dire que tout le début du film sent bon le thriller bien foutu, bien filmé, avec de bons acteurs, un suspense bien mené et difficile à déchiffrer. Qui est le commanditaire? Ma voisine me souffle "Leung Ka-Fai!", j'hésite. Tout le monde cherche, le piège fonctionne à plein régime. On se plaît surtout à voir un casting aussi étoffé. Anthony Wong face à Tony Leung Ka-Fai, c'est pas tous les jours, et les deux héritent de personnages ambigües, et délivrent d'excellentes performances. On ajoute une Angelica Lee décente même si limitée par un rôle plus simpliste, un Eric Kot Man-Fai irrésistible en acolyte très maniéré et un Edison Chen décidemment en net progrès depuis quelques films. Le tout est bien mis en scène de manière très sobre par un Gordon Chan visiblement soucieux de s'effacer - en tant que réalisateur - devant son scénario.
Et il faut dire que ce scénario se révèle être suicidaire au niveau commercial: rythme très posé, pour ne pas dire franchement lent, personnages ambigüs et aux relations pas toujours très claires, conclusion décevante au premier abord puis finalement tout à fait cohérente avec l'ensemble du projet. Pas de conclusion formulatique ici, pas de romance formulatique, de scènes formulatiques, si bien que le film se montre finalement trop original face à un public formaté par des films de genre certes efficaces, mais de genre quand même, donc codifiés. Un comble donc, alors que tout le monde se plaint du manque d'imagination du cinéma actuel, voici un thriller complètement anti-commercial mais qui s'auto-détruit de part son concept même.
Alors que faire, recommander le film? L'ensemble est très bien interprété, bien mis en scène même si le rythme et la musique aurait pu être améliorés, malin dans son scénario et cohérent dans son propos. Cela n'en fait pas un chef d'oeuvre pour autant, mais cela reste un bon film fait avec sérieux et intelligence. Sauf que la démonstration est sûrement beaucoup trop dangereuse pour la plupart des spectateurs. A1 restera sûrement comme l'un des films les plus incompris de l'année, dont à la fois le fond et la forme soulignent le message. Bref, un exercice de style sans filet franchement osé. Les mauvais résultats au box office local confirment hélas l'échec de l'entreprise. Et c'est bien dommage...
Ce film est une bombe
Et pas seulement parce que c'est le réveil tant attendu de
Gordon CHAN Ka-Seung après quelques années d'errance. Coté ambiance, on n'est pas très loin de
Beast Cops, c'est surtout visible dans le traitement des personnages avec la part d'ombre que porte chacun d'eux.
A-1 est un film sur la relativité, et la réussite de
Gordon Chan est de nous amener au cours du film à modifier la perception que l'on a de la situation. L'intelligence du scénario permet d'entrer en résonance avec les différents personnages en nous interdisant pourtant d'adopter un point de vue tranché sur la situation. Pour cela, Gordon Chan n'hésites pas à ralentir le rythme, pire il ose même casser volontairement les rares scènes d'action, et ça marche. C'est là que l'on peut voir l'effet délétaire de l'impact commercial sur le cinéma, à quel point année après année, une certaine standardisation proche de l'autocensure finie par faire de nous des spectateurs captifs. Eh bien je remercie Gordon Chan, grace à lui je me suis senti presque frustré de ne pas avoir la conclusion que j'attendais, voilà déjà de quoi rendre ce film indispensable. Malheureusement, il y a fort à parier que les producteurs (mécènes pourrait-on dire) du film n'auront pas envie de risquer de sitôt leurs deniers dans une entreprise aussi périlleuse financièrement, car rien n'est moins rentable que de carresser le specteur dans le sens contraire du poil.
Pour en revenir à la forme du film, il faut reconnaître que le jeu organisé entre les journalistes et les policiers avec pour pivot le personnage d'Anthony Wong est assez crédible, à la différence de ce que Johnnie To a pu faire dans
. Et c'est incontestablement ce même
Anthony Wong qui impose sa stature au film. Pour survivre à ses cotés,
Angelica LEE Sin-Je donne le meilleur d'elle-même et s'en sort finalement très honorablement, c'est un petit peu plus difficile pour
Edison Chen, et on peut regretter qu'
Eric KOT Man-Fai n'ait pas eu un rôle plus developpé. Mais globalement, il n'y a rien à reprocher à ce film, non seulement rien à reprocher mais surtout beaucoup à en apprendre. Si seulement je pouvais encore croire que des films de ce genre soient encore capable de révolutionner l'industrie cinématographique en attirant les foules, mon bonheur serait complet...hélas la réalité est tout autre. Merci en tout cas M. Chan d'avoir osé le faire.
09 décembre 2004
par
jeffy
Anticommercial?
Anticommercial A1 Headline? Différent du tout venant de la production hongkongaise certes... Mais faut-il pour autant lui en faire crédit? Parce qu'à ce rythme-là il faudrait avoir de l'estime pour le moindre navet indie US sous prétexte qu'il ne cherche pas la voie de l'efficacité blockbustérienne. Etre différent ne signfie pas forcément etre original cinématographiquement ni avoir un intéret cinématographique. Et à vouloir etre à contre-courant du reste de la production hongkongaise Gordon Chan finit par offrir un thriller raté. Le cinéaste avait pourtant précédemment tenté avec succès d'amener du neuf sous le soleil du cinéma de genre HK avec Beast Cops, ce qui rend la déception d'autant plus amère. Malgré des audaces sombrant dans l'épate visuelle, le film commence pourtant bien. On est intrigué par le suspense d'un début de film souvent réalisé de façon sobre. On se dit à ce stade que Gordon Chan va nous offrir un nouveau film de genre réussi. Mais c'est ce désir affiché de singularité qui va tuer le film sur le long terme. Angelica Lee et Edison Chen sont certes corrects tandis qu'Anthony Wong et Tony Leung Ka Fai sont excellents. Sauf qu'ils ne peuvent rien contre une lenteur rythmique ne faisant écho à aucun élément du scénario. En découpant son film à l'opposé des canons d'efficacité dramatique, Gordon Chan tue toute tension dans un récit qui devient vite pas très palpitant à suivre. Qui plus est, les personnages sont soit pas assez écrits, soit tellement ambigus qu'ils n'en sont pas attachants. La mise en scène demeure elle sobre avec quelques accès d'épate. A force d'aller à contre-courant de l'attente de l'amateur de thriller, Gordon Chan oublie simplement d'offrir un bon thriller. Dommage vu que la tentative n'était pas inintéréssante...
Au (contre-)courant
Oeuvre ambitieuse de la part de Gordon Chan, qui fait preuve d'une réelle volonté d'en découdre une fois pour toutes avec un cinéma HK enlisée dans un conformisme commercial certain.
L'histoire expressément peu spectaculaire est basée sur un scénario à multiples tiroirs, qui influe à longueur de métrage sur la façon dont le spectateur appréhende l'intrigue et tire ses propres conclusions. Il s'agit également d'une violente décharge contre un corps de média allant toujours plus loin dans l'exploitation du moindre scoop spectaculaire, au détriment de la vérité elle-même. Uniquement basée sur des suppositions enclin à se transformer en gros titres, les journalistes enquêtent sur leurs propres scénarios fantasmés, alors que la vérité pourrait être infiniment plus naturelle.
Manque au film une réelle vision auteurisante d'un réalisateur honnête et chargée de bonnes intentions, mais dans l'impossibilité de donner un aspect suffisamment politisé. Les acteurs sont d'honnête facture, Wong - de loin - en tête, mais ne donnant un corps suffisant pour se mesurer à la hauteur du scénario.
Thriller quasi politique, qui aurait pu donner à un grand métrage, mais qui - en l'état - rate son objectif. Et de son échec assurer une pérennité aux oeuvres commerciales plus rentables à envahir en masse les cinémas HK...
encore un film mitigé
ayant vraiment apprécié Beast cops, j'attendais à me reprendre une claque avec ce A1 au casting alléchant. le problème est que je ne sais pas trop quoi en penser finalement, étant balancé entre des aspects négatifs et positifs. les différentes remarques évoquées dans les critiques des rédacteurs sont justes dans un cas comme dans l'autre, alors reste à savoir si vous voulez voir un film sans réellement d'action, une sorte d'enquête journalisto-judiciaire au rythme lent, au déroulement complexe mais qui se tient, aux personnages pour une fois plus ambigus que la moyenne, brefquelque chose de réfléchi, se voulant original mais qui au final ne divertit pas assez à mon gout.
l'effort doit être souligné, mais le résultat n'est pas à la hauteur de mes espérances.
A-1 est très facilement l'un des 5 meilleurs films de cette année à HK!! Un thriller certes relativement banal dans son déroulement mais très bien torché!! Le casting est à la hauteur: Anthony Wong, Angelica Lee et Edison Chen qui, après Moving Targets, confirme qu'il est bien en progrès!!
A noter que certains bonus sont sous-titrés anglais, dont l'interview de Wong qui dit s'être insipiré du personnage de Jack Bauer de "24" afin de composer son personnage. Etant fan de la serie, j'ai pas vraiment vu le rapporchement!!
En tout cas, à voir!!!
Investigation en demi-teinte
Gordon Chan, c’est l’autre, celui à qui l’on doit le très bon polar Beast Cop (1998). Il nous revenait avec A1 – Headline (2004), un thriller sur fond d’investigation journalistique mêlant gros sous, mannequin et police. Il réalise le film en collaboration avec Rico Chung.
Les affres de l’investigation journalistique dans toute sa splendeur, A1 nous en fait un bref topo. On suit l’actrice Angelica Lee en recherche de vérité. Le film commence comme un film ambitieux par le sujet traité. Une mort suspecte d’un journaliste en mission, le fils d’un riche magnat dans l’histoire, le suicide d’une mannequin, la police qui n’est pas juste spectatrice et voilà une journaliste de mode aidé par un gros bras ex-flic (Anthony Wong) et d’un photographe (Edison Chen) en route vers le chemin de la vérité.
A1 commence plutôt bien avec une action posée où l’on rassemble les éléments nécessaire à la bonne compréhension de ce qui va suivre. Pour se faire, Gordon Chan et Rico Chung utilisent une lenteur dans leur narration pour mettre en lumière le métier de journaliste et de son intégrité. Mais voilà, la réalisation des deux cinéastes hongkongais tourne vite en rond comme cette intrigue qui donne peu à se mettre sous la dent. Dramatiquement le film ne va pas jusqu’au bout et l’on assiste plus à un film qui tente de justifier sa non-action par un pseudo-aspect plus intellectuelle. Le résultat est loin d’être réussi.
Si A1 commence plutôt bien donc, il manque vite de punch et de vitalité. Le suspense pour un film comme celui-ci s’essouffle rapidement et s’égare en chemin parmi les pistes qui s’ouvrent à nos protagonistes : manipulation, corruption,... Ils se posent nombre de questions, se font pas mal de film aussi pour comprendre et connaître la vérité et nous ? On s’enfonce petit à petit dans l’ennui par un manque d’intérêt au sujet de cette vérité. On sort de A1 sans être convaincu notamment sur le point final celui qui clôture un film qui ne vaut que pour ses deux, trois acteurs de talents (Anthony Wong, Tony Leung et Angelica Lee, limite pour le coup). A1 est tout juste un film moyen.
le jour d'après
Alors que les circonstances se somment, que se dénude le fil d'une vérité que l'on mesure avec gravité, c'est une toute autre chose qui surgit dans A 1. Le récit s'étiole comme une peau de chagrin, le final tombe comme un cheveu sur la soupe. Mais ce cheveu, c'est le soupcon de la réalité, de sa déception. Et ce soupcon lui-même porte autre chose: la légèreté. Le fait que d'un coup de vent, tout ce que l'on a forgé se volatilise, et que vienne poindre le lendemain, que cette boucle, perpétuel gonflement et déballonnement de nos attentes et nos désirs, c'est nous. Nous vivons en cela, rivé sur la première page, près de ce qu'on veut croire vérité, et qui demeure, en vérité un fantasme.
Bon petit polar... qui sort enfin des sentiers battus de HK !
Sauf Anthony Wong, toujours égal à lui même avec un jeu impeccable, il faut dire que le casting était plutôt boiteux à la base. Malgré ce bémol, le film possède de sérieux bons points par rapports aux autres films du genre. Il se veut déjà très réaliste, et où il n'y a de filmé aucune cascade de super flic et autres dialogues préfabriqués. Bref, on est très loin du classique made in HK, tout en y gardant l'atmosphère, à mon grand bonheur !
Surtout évitez de poser votre cerveau avant d'entrer dans la salle.
Scénario bien ficelé (voire excellent), casting remarquable (Anthony Wong, Edison Chen, Dante Lam, Eric Kot et même Angelica Lee, qui recouvrait la vue dans THE EYE avant de se fourvoyer dans un KOMA de triste mémoire limite mauvais), mise en scène "appropriée", bon rythme et peu d'action. Malgré tout, le spectateur est tenu en haleine jusqu'à la toute dernière minute ! Mais, car il y a un mais... c'est aussi le moment où l'on observe le bémol du film : la fin est plutôt décevante. Disons qu'après une enquête intrigante autant que passionnante la fin n'est pas à la hauteur, de ce qui précède et donc des attentes du spectateur. Avec A-1 HEADLINE, Gordon Chan a concocté un polar de haut vol, sinon "honnête", dans la lignée de l'incontournable INFERNAL AFFAIRS, bien qu'en deçà - n'exagérons rien.