Le cinema japonais n'est pas tres connu et difficile d'acces.
Les dvds japonais par exemple sont hors de prix et sans sous titres anglais. Les films qui arrivent en france (s'ils y arrivent ! ) sont soit du grand classique, en magasin (kitano, kurusawa )soit des films à festival, en salles(ring,kairo...)
Perso j'aimerais plus découvrir ce ciné, mais les films sont tellement chèrs, pareil pour le ciné coréen, c'est dommage car je sais que je passe à côté de grands films.
Effectivement, vu que les imports sont chers et que les films exploités en salle s'adressent à un public cinéphile (je ne vois pas le fan hk non cinéphile s'enfermer pendant 3h40 pour voir eureka), le public du ciné japonais est plus homogène que le public hk donc il y a moins de débats passionnés sur ce forum.
Mais cette homogénéité du public et le cout des imports ont aussi permis au ciné japonais d'etre plus exploité en salles en France que le ciné hk: le public n'a pas pu voir le film en dvd avant sa sortie salles et il ira voir tout film japonais exploité en salles (alors que le public de in the mood for love n'ira pas forcément voir time and tide).
Si ca dort, c'est tout simplement parce que les gens qui apprécient le cinéma japonais savent que la plupart des films sont excellentissimes et qu'il n'y a donc pas matière à discuter. Pas comme le ciné HK :)
Oui tu peux en faire une très longue critique élogieuse, analyser tous les thèmes, décrypter les plans... mais ce n'est pas pour ca que les gens vont en débattre dans un forum. Au contraire.
Selon Bergson, le desaccord est moteur de discussion. Si tu trouves un gugus qui va te demonter les 7 samourai ou Musashi, tu pourras en discuter avec lui. Malheureux il n'existe pas:) La discussion serait donc "Ce film est géant ! - Oui tu as raison !". Point. (pour schématiser).
Il y a deux raisons pour lesquelles les gens ne discutent pas longuement d'un film : 1/ ils ne l'ont pas vu (et encore !), 2/ ils sont tous d'accord.
C'est vrai qu'il suffit de comparer les niveaux globaux de la production hk récente et de la production japonaise récente pour que la comparaison tourne à l'avantage du Japon (meme si je peux trouver Miike ou Kioishi Kurosawa un poil surestimés - pour ceux qui veulent des arguments, lisez mes critiques sur le site-, je considère leurs films comme malgré tout de meilleur niveau que 99% de la production hk): elle comporte des réussites majeures dans les films à succès (battle royale, bounce ko gals, jubaku) comme dans les films de festival (eureka, petite fièvre des 20 ans) ou le cinéma de genre (gojoe), dans les films de vétérans (tabou, de l'eau tiède sur un pont rouge) et encore ici je me limite à des films sortis entre 1999 et 2001 et je ne parle pas des chefs d'oeuvre de l'anime.
Au Japon, d'une part il n'y a pas d'exode, mais il y a toujours eu de grandes tendances et des auteurs qui sortent du lot, en dehors de la sainte trinite (Kuro,Mizo,Ozu). Il y a aussi une longue tradition du film de genre intelligent plastiquement soigne. On a donc des Kamikaze Taxi, des Gojoe, a cote des Versus et des Eureka.
A HK, j'ai toujours pense qu'on y manquait d'ambition artistique. Il y a donc des artisans efficaces (To) mais bien peu d'auteurs.
Je viens de commander 2 films bon marché sur dddhouse.
Le premier est surement dans la veine des films numeriques à la ring : st john wort. Etant donné que j'apprécie les jeux video, j'attends de voir ce que donne ce film, apparemment lié aux survival horror. Moi qui croyait que tout venait de the thing de carpenter !
Le second, un peu au hasard, aprés lecture sur sancho does asia et zeni, Inugami.
J'essaierai le mois prochain quelques films de Miike que je ne connais pas du tout : tout dependra de ce qui est sorti en edition hong kongaise, pas trop cher.
St John Wort est sympa mais pas merveilleux...
Quand à Inugami, je ne sais qu'en penser....: il est beau, mais veut développer trop de sous-histoires en peu de temps et sacrifie la trame principal...d'ou l'impression de ne pas avoir tout compris et d'etre passé à coté de kkchose...
Tu me dira ce que tu en pense... ;-)
Sur la surmultiplication des histoires (par rapport à la durée courte du film), je suis d'accord avec toi. Mais pour moi ce défaut est compensé par les belles idées de mise en scène: ouverture à la Shining, esprits filmés à la Sam Raimi, utilisation du noir et blanc. Et il y a suffisamment de scènes fortes pour emporter le morceau: Harada réussit à filmer la scène de cul sous les rochers sans sombrer dans le ridicule, la superbe procession finale, la description du village avec des détails à la Lynch (les moines attendant le bus depuis 1000 ans, le type se baladant en tenue de samourai, MDR), la superbe scène d'ouverture dans l'usine à papier. L'interprétation est aussi excellente. Et c'est quand meme un peu plus ambitieux que le tout-venant fantastique.
Tequila,
tu verras St-John's wort est très inspiré du survival horror à la resident evil mais sans horribles monstres dedans, ça ressemble plus à un film clipé. Mais il reste intéressant dans le sens où il a une approche différente du jeu vidéo. Où il ne cherche pas à critiquer les mondes virtuelles (matrix) ou en faire ses éloges (avalon) mais à reprendre les clichés, les éléments clés du jeux-vidéo d'horreur.
Mais au final, c'est un film qui n'a pas assouvi mes désirs de hardcoregamers. Ghost of Mars était meilleur dans ce sens. Et j'attends avec impatience, le film live de Resident Evil.
Par contre, Inugami, je le trouve excellent. Harada dévoile comme à son habitude des tabous de la société japonaise.
Ici, le tabou est assez masqué par l'histoire fantastique mais en cherchant bien. On voit bien que cette histoire oedipienne dévoile un sombre côté du Japon.
Pour en savoir plus sur ce tabou :
http://mdn.mainichi.co.jp/waiwai/0201/020106moms.html
et voici un autre lien sur le tabou dévoilé dans Bounce Ko Gals : http://www12.mainichi.co.jp/news/mdn/search-news/842347/enjo20kosai-0-3.html
Bonne lecture.
Ca fait assez froid dans le dos.
15/01/02 10:24 question à chris et à tous les japanophiles
par ching
Les années 80 sont souvent vu comme la décennie du passage à vide du cinéma japonais entre la profusion des 70's (dont beaucoup de perles restent encore à découvrir) et le renouveau des 90's. Est-ce un cliché?
Y a-t-il eu dans les années 80 des oeuvres majeures autres que les films des grands anciens (oshima, kurosawa, imamura)?
Je ne veux pas lancer de polemiques sur le cine jap car a part les baby cart et un ou deux kitano je n'y connais rien! Mais la raison pour laquelle ca dort c'est que la plupart des gens n'y connaissent pas grand cose et qu'il y a plus de fans de cine hk que de cine japonais(c'est pas une critique) et qu'aussi il n'est pas accessible au niveau prix ou meme marketing... Je n'ai pas trop vent des films japonais mis a part ceux que j'ai vu! Ca vaut peut etre le coup de s'interesser a ce cinema mais je n'en sais que si peu...
Si les années 80, comme tu le soulignes, paraît à nos yeux un passage à vide c'est que cette période correspond à l'effondrement des majors et donc du cinéma comme produit de divertissement pur.
C'est à cette période que le Japon construit sa réputation : la prospérité et l'envie de réussir fait que les gens passent plus de temps à travailler qu'à aller au ciné, de plus la VHS s'invite à la maison... Les émissions de TV connaissent également un boom.
Seulement, il ne faut pas oublier que les 80's : c'est RAN, Kagemusha, Furyo, black rain (pas ridley !)...
Il y a des grands noms qui continuent de tourner (Imamura, Suzuki), d'autres marqueront durablement (Itami, Ichikawa), les meilleurs cinéastes de l'univers émergent (Miyazaki, Otomo, Kitano, Sogo Ishii).
Donc même en crise, le cinéma japonais continuait de livrer le meilleur cinéma du monde !
Quand je parlais du vide des années 80, c'était en terme de niveau moyen de la production qui est autre chose que le nombre de films marquants produits: si on prend par exemple le ciné us ces dernières années, il aura fourni au moins un films marquant par an (1997: lost highway, volte face 1998: jackie brown, titanic 1999: eyes wide shut, la ligne rouge 2000: révélations 2001: mullholland drive, les autres) mais le niveau moyen de sa production est déplorable (contrairement aux 70's).
Mais heureusement, le niveau moyen de la production japonaise est bon voire très bon depuis 5 ans: le Japon prouve qu'une cinématographie peut vivre un nouvel âge d'or.
Sinon, je ne crois pas que le public du cinéma japonais soit moins nombreux que public hk (il suffit de voir les queues pour chihiro au forum des images et pour tout le festival manga pour s'en convaincre ou les queues pour Avalon et Battle Royale à l'étrange festival). Simplement, son cinéma étant plus et mieux exploité en salles que le HK (qui se découvre par la vidéo donc dans un contexte plus "solitaire"), il a peut-être moins besoin des forums pour échanger des points de vue.
Et puis, le cinéma japonais ayant toujours su concilier haute ambition et divertissement (cf Kurosawa, Miyazaki), il n'est pas une cible potentielle de reproches de surestimation.
Peut être que cet âge d'or ne va pas durer: il me semble que le
public japonais a délaissé la production nationale :A part le raz de marée chihiro je crois que le ciné local fait grise mine.
D'ailleurs je pense qu'il faudrait différencier les fan manga (qui st d'ailleurs plus nombreux de ceux de hk)du public fan de ciné de kitano ou kurosawa. Je ne dis pas que
certains aussi n'aime pas aussi passionément miyazaki que
fukasaku . Seulement je pense pas que la majorité des fans de manga regardent aussi les autres productions japonaises.
Donc je suis d'accord avec angelo : les fan de hk st plus nombreux que ceux du japon.Et c'est ce qui contribue à la méconaissance du ciné jap.
Au fait pour les babycart quels épisodes vous me conseillez?
Le propre d'un age d'or est de ne pas durer (et déjà qu'on ne connait pas tous les grands films japs produits entre 1960 et 1980, il doit y avoir encore des perles à trouver dans les 90's). Mais si le cinéma japonais chute je le vois revenir plus vite que le ciné hk pour les raisons suivantes: il n'y a pas d'expatriation us des japonais (woo a bien essayé de faire venir kaneshiro sur MI2, refus de cruise: trop charismatique; kitano a tenté l'expérience us... avec son team habituel d'acteurs), il y a toujours eu au japon un vrai cinéma indépendant (alors qu'à HK la notion d'auteur est récente), les vieux se portent bien (imamura bande encore, fukasaku a fait un magnifique come back), quelques jeunots commencent à s'imposer sur la durée (ishii, tsukamoto, harada). Bref, il y a de quoi se maintenir à flots en cas de retour des années de vaches maigres.
Et s'il y a plus de fans de ciné hk que de ciné japonais hors manga (c'est vrai que le fan de manga ne va voir que les films liés à son univers: avalon, les tsukamoto), c'est aussi que ce dernier exige plus du spectateur: un killer est d'un abord plus facile qu'un eureka.
Parler du niveau moyen de la production, j'en suis totalement incapable. Le Japon a toujours été l'un des plus importants producteurs et les films sont bien difficiles à dégoter. Je n'ai donc malheureusement vu qu'une infime partie de la production. Donc je ne peux parler du niveau moyen.
A noter que les 80's c'est aussi là ou sont apparus les teen movies locaux et qu'ils ont bien déchiré le BO (ils sont introuvables malheureusement mais j'aimerais bien les comparer à ce qui se fait maintenant : Elle est trop bien, College attitude, ...).
Peut-être aussi que les 80's n'ont pas eu de couverture médiatique comme le dit-revival actuel. C'est ainsi plus facile pour nous de parler des fabuleux Shunji Iwai (DVD, VCD) que des mirifiques Kon Ichikawa. Et c'est aussi par l'enthousiasme environnant provoqué par ces films plus que par des plus anciens que tu as l'impression d'un "age d'or". C'est pas aussi évident. Si maintenant on a des Sogo Ishii (dit balezeman), des Harada (dit costaudman dans le milieu), du cote acteur on a Ken Takakura qui ne manie plus trop le sabre et Toshiro n'a pas encore de successeur.
Enfin d'accord avec toi amigo, le cinéma japonais du point de vue formel est très exigeant alors que les HK finalement tirent leur succès du fait qu'ils s'accordent très bien à la vidéo, au VCD de par leur pauvreté plastique, à qq exceptions. Voir un HK en salles n'apporte rien, à la maison t'es plus tranquille et t'as pas le blairot du coin qui ricane quand le héros perd la vue ou se tortille sur un bout de bambou !
Ca fait 15 ans qu'"on" prédit la mort du cinéma japonais. Et pourtant on voit pointer de nombreux gars surdoués qui savent illustrer un récit (différent de filmer un type avec 2 flingues haha).
Et les majors ne sont plus, ce qui fait que les gus ont le final cut (sauf dans le genre le + populaire -> le pinku !).
Et les genres locaux n'intéressent que peu les majors US : le kaiju, le chambara, le yakuza, tant mieux ! Que les cinéastes restent là-bas même si snif le public local ne suit pas. Le chef-d'oeuvre de l'univers (je precise Gojoe pour celui qui dort) n'a été qu'un demi-succes pdt que les gens se ruent sur AI !!!
Y'a quand meme un truc que j'attends malgre tout ce que je dis : c'est un mega-blockbuster japonais avec terroristes, swat, course-poursuites en Toyota, et gunfights de la mort en plein Tokyo !! Ah oui mais ca s'appelle Spriggan. Bon ben en live alors pour preciser.
MDR...
C'est vrai que je regrette de ne pas avoir habité Paris à l'époque de la rétro Kobayashi (voir la condition de l'homme, kwaidan, hara kiri en scope ça peut apporter beaucoup meme si ces films sont déjà des claques dans des vhs pourries -hara kiri-, des dvd pourris -human condition qui a le mérite d'exister- et un superbe dvd -kwaidan criterion-).
Heureusement, j'ai été gaté cet été: superbe rétro des Ozu en couleurs au Linder, rétro Fukasaku et découverte des deux ishii (sogo et takashi) à l'étrange festival.
Il me reste encore à essayer de découvrir Wakamatsu, Naruse, la série des combats sans code d'honneur, hideo gosha, le versant cinéma social de Kurosawa, le sugata sanshiro avec mifune, rebellion de kobayashi (mifune/nakadai), les zatoichi, les inagaki hors sabre, the outlaw de teruo ishii (un des films fétiches de woo) et encore plein d'autres choses.
Je ne suis pas pret de finir de faire le tour d'une des cinématographies les plus régulièrement passionnantes du siècle passé.
je trouve ça dommage. Pour ma part, un film ne se limite pas à sa technique au sens large (qualité scénaristique, interprétation, filmage, montage....), il y a toujours une part de projection de la part du spectateur. Je dirais presque qu'un bon film sucite forcément des polémiques pour X raisons "bonnes ou mauvaises" du fait qu'il sont vus par des individus chargés de vécu. On peut aimer ou détester un film sans que celui ci soit verritablement en cause.... c'est la part de nous même que nous projetons dans le film qui influe notre appréhension du film. Un "bon film" touchera forcément son public avec violence (en bien comme en mal) et entrainera des réactions "passionnées".
C'est du moins mon approche du cinéma....